Des quantités très limitées après un printemps exécrable mais une qualité exceptionnelle grâce au mois d'août caniculaire : la Champagne se prépare à une vendange atypique dans un climat économique morose.

«La vigne a subi toutes les calamités possibles jusqu'au milieu de l'été, laissant craindre le pire, mais finalement août a inversé la situation et la récolte s'avère d'une qualité exceptionnelle», s'est réjoui Thibaut Le Mailloux, porte-parole du Comité interprofessionnel des vins de champagne (CIVC).

Selon lui, le printemps particulièrement frais et humide a empêché une bonne floraison provoquant des coulures (déficit de grains sur les grappes) et du millerandage (déficit de croissance des grappes) sur l'ensemble de l'appelation.

Par ailleurs, des gelées en avril et mai ont détruit l'équivalent de 2900 hectares, puis des orages de grêle en juin et juillet ont ravagé 1000 hectares supplémentaires, dans un vignoble déjà fragilisé par des attaques de mildiou et d'oïdium (parasites de la vigne).

«Cette vendange pour le moins atypique sera l'une des plus réduites en volume depuis 20 ans et inférieure de 30% à celle 2011», à précisé M. Le Mailloux.

Mardi, à l'issue de la traditionnelle négociation entre les représentants du négoce et ceux des vignerons, le bureau exécutif du CIVC a fixé le rendement de la vendange 2012 à 11 000 kilos par hectare, soit l'équivalent de 220,5 millions de bouteilles, en baisse de 12% par rapport à 2011.

«Nos prévisions tablent sur une croissance modérée de 1,2% sur trois ans, nous restons prudents dans un contexte économique incertain», a expliqué Ghislain de Montgolfier, président du CIVC.

Pour le premier semestre, le volume des expéditions de champagne accuse une baisse générale de 6,6% avec des ventes en recul de 7% pour l'Union européenne et de 8,5% pour le marché national. Seuls les pays tiers (hors UE) résistent avec une baisse limitée à 0,8%.

«Ces résultats sont mitigés mais 50% des expéditions se font dans les quatre derniers mois de l'année», a rappelé M. Le Mailloux en insistant sur la bonne tenue des pays tiers, «véritables relais de croissance dont la consommation tend à égaler celle de l'ensemble de pays européens sans la France».

Selon le CIVC, les premiers coups de sécateurs devraient être donnés à partir de la mi-septembre, sauf dérogation ponctuelle pour les parcelles les plus précoces.

«La situation est très hétérogène dans l'appelation mais en raison des faibles quantités peu de vignerons pourront effectivement récolter les 11.000 kg et ils devront puiser dans leur réserve individuelle pour atteindre les quotas», a précisé Pascal Férat, le président du Syndicat général des vignerons (SGV).

Selon lui, la campagne 2012 sera étalée sur 28 jours, au lieu des 21 habituels, et certains vignerons pourraient même vendanger en deux temps pour optimiser la qualité des raisins.