Guillaume Leroux ne se sentait pas à sa place dans un cours universitaire axé sur le tourisme urbain. Il souhaitait plutôt travailler en plein air dans un projet de villégiature. Moins de 15 ans plus tard, il a réalisé son rêve. Il est propriétaire d'une terre de 45 hectares dans les Cantons-de-l'Est, sur laquelle il cultive la vigne et des pommiers.

Sa passion pour le vin s'est manifestée après un stage dans un domaine des Basses-Laurentides. Il a convaincu son ami Julien Vaillancourt, et son colocataire Alexis Perron, de sauter dans l'aventure avec lui. Tous les trois ont eu le coup de foudre pour le cépage vidal. Et ils ont eu envie de posséder leurs propres vignes.

«On est tombés amoureux de cette variété, de la vigne à la vinification, raconte Guillaume Leroux. On voulait faire autre chose que du vin de glace. On voulait élaborer des vins fruités et aromatiques.»

Afin de réaliser leur projet, les trois associés ont acheté un verger à Dunham en 2004. Le trio a décidé de conserver les pommiers sur la colline et de planter du vidal dans un lieu isolé et sablonneux. Et en attendant que la jeune vigne produise des raisins, ils ont élaboré leurs premiers cidres.

«Notre plan, c'était la vigne, explique-t-il. Mais les médailles d'or que l'on a obtenues avec nos cidres ont pavé la voie à nos vins.»

Val Caudalies est aujourd'hui le seul vignoble des Cantons-de-l'Est à produire à la fois du cidre et du vin. Les jeunes vignerons qualifient cette particularité de «défi supplémentaire», car selon eux, ils doivent exceller dans la production des deux produits.

Pas de rouge à Val Caudalies

Vous ne trouverez toutefois pas de vin rouge à Val Caudalies. Près de 75% des vignes du domaine sont de la variété vidal avec laquelle on y produit un blanc sec et une vendange tardive.

«On croyait moins dans les vins rouges, en fonction des cuvées que l'on avait goûtées à l'époque, dit Guillaume Leroux. On voulait faire des vins typiques du Québec, donc des vins avec de la fraîcheur. Ce qui exclut les rouges.»

Le vignoble propose cependant un rosé produit uniquement avec des cépages rouges.

Randonnée dans les vignes

À Val Caudalies, il n'y a pas que les vins et les cidres qui valent le détour. La beauté des lieux aussi. Niché au sommet de la vallée, le domaine offre un panorama imprenable sur les Appalaches. On devine de plus au bas de la vallée les 20 000 pieds de vigne. Pour s'y rendre, il faut marcher près d'un kilomètre depuis la boutique.

«C'était problématique que les vignes soient si loin, raconte Guillaume Leroux. On voyait les gens revenir de leur randonnée avec des raisins dans les mains à l'automne. On avait beau leur expliquer qu'une grappe équivaut à un verre de vin, ça ne les dérangeait pas.»

Pour remédier à cet ennui, il a planté des vignes autour de la grange rouge qui fait office de boutique. Il a choisi les variétés somerset et Montréal-blue qui sont délicieuses à manger et qu'il n'utilise pas pour ses vins. Les curieux peuvent ainsi les cueillir sans nuire à la production.

Le domaine propose également l'autocueillette de pommes à l'automne. La saison commence plus tôt cette année. Les premiers fruits seront prêts dès cette fin de semaine.

Quand ils ont commercialisé leurs premières cuvées en 2008, à peine 5000 personnes s'étaient arrêtées au domaine pour les goûter. L'été dernier c'est près 30 000 visiteurs qui ont fait escale au Val Caudalies.

Comment s'y rendre?

Le domaine se trouve à 1h30 de route de Montréal et de Sherbrooke. Pour y arriver, on emprunte la sortie 68 de l'autoroute 10. On traverse d'abord cette ville ainsi que celle de Dunham. On roule dans la rue Principale, en direction des États-Unis, jusqu'à destination. Le vignoble se situe sur la route des vins de Dunham.

À surveiller

Le vignoble accueille une exposition de photos du réalisateur Gilles Carle et de Chloé Sainte-Marie. L'exposition Parce que c'est lui se déroule en plein air. Il suffit de prendre le sentier qui mène aux vignes pour admirer les clichés. L'exposition se termine cet automne.

À déguster

Le rosé 2011

Ce n'est ni un rosé de piscine ni un rosé d'apéro. Cet assemblage de raisins rouges, maréchal-foch, de Chaunac et chambourcin, est solide en bouche et se révèle même un peu tannique.

Sa robe est d'une couleur cerise soutenue. Au nez, on a beaucoup de fruits, c'est expressif. On sent aussi la pâte d'amandes. Contrairement à plusieurs rosés québécois, on n'y perçoit pas d'odeur végétale (parfois désagréable) souvent associée au frontenac noir. En bouche, c'est gourmand, plein de fruits rouges et c'est rond. Le vin est sec : il ne contient pas de sucre résiduel. Sa structure permet de le servir avec un saumon grillé et même avec du porc. 12%, 17,19$ vendu au domaine, au marché des saveurs à Montréal et au marché Atwater.

Que signifie Val Caudalies ?

« C'est un mélange de terroir et de dégustation », explique Guillaume. En fait, le mot Val fait référence à la géographie du domaine, établi dans une vallée. Quant à Caudalies, ce terme est l'unité de mesure utilisée par les spécialistes pour déterminer la longueur du vin en bouche.