Pour faire un kir, certains versent un vin de Chablis tandis que d'autres utilisent le premier blanc qu'ils ont sous la main. Mais selon la tradition, c'est plutôt un Bourgogne aligoté qu'il faut ajouter à de la crème de cassis pour élaborer le célèbre apéritif.

La ville de Dijon, en France, est bien connue pour sa moutarde. Elle l'est moins pour ses cassis. Pourtant, c'est avec ce petit fruit que le blanc-cassis, mieux connu aujourd'hui sous le nom de kir, a été popularisé dans la région.

En fait, c'est le chanoine Félix Kir, aussi maire de Dijon au milieu du 20e siècle, que l'on doit le nom de la boisson.

«Le chanoine avait l'habitude de recevoir ses concitoyens à l'hôtel de ville avec un vin blanc-cassis, raconte le sommelier Jacques Orhon. Et il le faisait avec de la crème de cassis avec du vin blanc aligoté.»

En 1951, Félix Kir a offert à l'entreprise productrice de crème de cassis Lejay-Lagoutte le droit d'utiliser son nom pour désigner l'apéritif. Sur son site internet, la maison raconte que le célèbre mélange remonte au milieu du 19e siècle où les cafés bourguignons ajoutaient de la crème de cassis au Vermouth de Chambéry et au vin blanc de comptoir.

Jacques Orhon précise que le blanc d'aligoté était le vin de tous les jours servis dans cette région. C'est d'ailleurs le blanc idéal pour cet apéritif, puisqu'il a une bonne dose d'acidité pour se mélanger au sucré de la crème de cassis.

«Il y a parfois des gens qui mettent beaucoup trop de crème de cassis, ajoute-t-il. Ils vont suggérer de mettre un tiers de cassis et deux tiers de vin. C'est énorme!»

Le sommelier conseille plutôt de n'utiliser qu'un soupçon de la liqueur. Il faut d'abord verser la crème dans le verre et l'arroser par la suite avec le vin, précise-t-il. On évite ainsi de mélanger les deux produits avec une cuillère.

À la maison, si vous n'avez pas de Bourgogne aligoté, un blanc acide comme un muscadet peut très bien faire l'affaire. Les vins très aromatiques et fruités comme les sauvignons blancs sont toutefois à proscrire pour cet apéritif.

Kir royal

La maison Lejay-Lagoutte élabore son kir royal avec un vin effervescent du cépage ugni blanc récolté près de Cognac. Mais selon Jacques Orhon, tous les dérivés du kir sont de pures inventions. Il accorde cependant que la recette la plus commune est préparée avec du champagne.

«C'est entré dans les coutumes de la restauration haut de gamme, qu'un kir royal est fait avec un champagne», raconte le sommelier.

Mais en pratique, un cava ou un crémant de Bourgogne est tout aussi acceptable.