La construction d'un parc éolien industriel dans le sud de la France se bute à une résistance inattendue. Des vignerons de l'appellation Faugères montent aux barricades pour bloquer le projet, qui prévoit la mise en place de cinq hélices hautes de 130 m tout près de leurs domaines.

Pas question pour la présidente de l'appellation d'origine contrôlée (AOC) Faugères, Nathalie Caumette, d'autoriser la mise en place d'un parc éolien industriel en plein coeur d'une zone viticole. Bien que les éoliennes ne seraient pas situées sur des terres utilisées pour la vigne, la présidente assure que leur implantation nuirait à leur industrie.

«Le vin est intimement lié au terroir, dit-elle. Il faut qu'on puisse le voir ce terroir. Il faut qu'on puisse le visiter. C'est ça une AOC, ce n'est pas quelque chose d'immatériel.»

Les projets de parc éolien et de panneaux d'énergie solaire se multiplient sur les terres agricoles du Languedoc. Pour Nathalie Caumette la raison est simple: les propriétaires de domaines n'arrivent plus à écouler leurs vins en vrac, ainsi plusieurs vignobles sont à vendre.

Or, le projet arrive à un bien mauvais moment pour les viticulteurs de la région. Connue pour ses sols de schistes, peu fertiles, qui confèrent une certaine finesse à leurs vins, l'AOC Faugères tente de se tailler une place au sein des plus grands crus de France.

L'appellation revendique aussi depuis 2009 le nom de «nature schiste», un qualificatif qui met l'accent sur le travail en agriculture biologique de plusieurs vignerons. Selon eux, l'installation des hélices aura un impact négatif sur l'oenotourisme.

«Personne ne viendra à Faugères passer une semaine pour goûter les vins et se promener dans le terroir s'il y a des éoliennes partout», renchérit Nathalie Caumette.

Françoise Ollier, vigneronne à Faugères est aussi de cet avis. Son domaine, qui appartient à sa famille depuis cinq générations, se situe à moins de 10 km de l'emplacement prévu du parc éolien.

«Elles vont être positionnées sur un coteau magnifique, sauvage, plein de garrigue, raconte la viticultrice Françoise Ollier, établie à Faugères. Je vous assure, c'est triste à pleurer.»

Mais les viticulteurs ne sont pas les seuls à s'inquiéter de ce projet. Le maire de la commune voisine, Marcel Buisson, assure qu'il prendra tous les moyens pour l'interdire. Selon lui, les hélices seraient beaucoup trop près de son village de Roquessels.

«La dernière éolienne est dans une zone de ville. En cas de fracture de palme, on va se les prendre sur le chapeau», dit-il.

La mairie de Laurens est favorable au projet. Mais personne n'a été en mesure de répondre à nos questions.

Une enquête publique est en court. Elle se termine le 2 décembre prochain.