Les bouteilles de vin nouveau 2011 sont arrivées jeudi sur les tablettes du monopole d'État , histoire de célébrer la fin des vendanges. Si de nombreux pays sont toujours friands de ces cuvées qui terminent à peine leur fermentation, au Québec, ce n'est plus le cas.

En novembre 1999, plus de la moitié des 40 000 caisses des cuvées primeurs disponibles au Québec s'étaient écoulées en quelques heures. L'année suivante, au plus fort de la popularité des vins nouveaux, 14 différents produits étaient disponibles sur les tablettes du monopole d'État.

Dix ans plus tard, les Québécois ont perdu leur intérêt pour ces vins... si bien que la Société des alcools du Québec (SAQ) n'a commandé cette année que trois vins: deux cuvées de beaujolais nouveaux et un vino novello d'Italie. Le nombre de caisses a aussi largement diminué. Il est passé à 3400.

À la SAQ, on explique cette baisse de popularité par un raffinement du goût des Québécois.

Mais dans le Beaujolais, la situation est bien différente. Les vignerons sont encore très attachés à cette tradition du vin nouveau. Et pour cause, les vins primeurs représentent 32% de leur chiffre d'affaires, et leurs ventes ont généré plus de 43 millions d'euros l'an dernier.

«Le Québec n'est pas un gros marché pour le Beaujolais nouveau, explique le directeur marketing de l'Inter Beaujolais, Anthony Collet. Ce sont plutôt le Japon et les États-Unis qui sont nos principaux marchés.»

Et ces cuvées gagnent en popularité dans plusieurs pays. Leurs ventes étaient d'ailleurs en hausse l'an dernier de 19% au Japon, de 7% aux États-Unis et de 50% en Suisse. Les Allemands en sont aussi de plus en plus friands.

Un vin de fête

Marc-André Gagnon, rédacteur en chef du magazine en ligne Vinquebec.com, explique que le vin nouveau est un vin de fête. Il est bu pour célébrer la fin des vendanges, le début de l'hiver et pour goûter le résultat de la récolte qui vient à peine de se terminer.

«Ce n'est pas un vin tout à fait fini, dit-il. Donc qui n'a pas fait de finition en bouteille, mais qui peut quand même être potable. C'est un vin de soif, que l'on boit sans complication, au comptoir avec des saucissons.»

Voici les trois vins nouveaux disponibles cette année:

Beaujolais nouveau, Georges Duboeuf, France, Code SAQ: 10704221, 15,90$

C'est le plus intéressant des trois bouteilles disponibles. Sa robe est plus foncée et violacée. Son nez est sur le fruit, mais pas trop bonbon. On sent quelques notes épicées. La bouche n'est pas très longue, mais c'est délicat, sur des arômes de violette, de cerises et de framboises. Cette cuvée a d'ailleurs gagné une médaille d'or le 13 novembre dernier au Trophée Lyon- Beaujolais nouveau. 650 caisses.

Beaujolais nouveau, Momessin, France, Code SAQ: 10704247, 14,95$

Sa robe est violacée et pas très foncée. Au nez, on sent les cerises écrasées. La bouche est courte. On dirait du jus de fruits. C'est un vin festif et correct. 650 caisses.

Sangiovese Novello Botter Rubicone i.g.t., Italie, Code SAQ: 10479166, 10,60$

Ce vin sent et goûte les arômes artificiels. Sa robe est pâle et violacée. Le nez est bonbon: ça sent la poudre sucrée et les fraises «tagadas» - des fraises en guimauve recouvertes de sucre aromatisé. La bouche est courte, sur le fruit. Ce vin est le moins intéressant des trois. 2100 caisses.