On le surnomme «le pape du Beaujolais». À 78 ans, le plus grand des négociants de cette région, Georges Duboeuf, sera à Tokyo jeudi pour promouvoir la nouvelle cuvée du Beaujolais nouveau, vin qu'il a contribué à rendre célèbre à travers le monde.

À Romanèche-Thorins, il règne sur une entreprise qui a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de quelque 60 millions d'euros et qui emploie 130 personnes.

Dans le village, la galaxie Duboeuf s'étend au milieu des vignes avec un site de vinification fort de 158 cuves, un musée baptisé «le Hameau du vin», un magasin, des bureaux, une salle de dégustation... et un site d'embouteillage, «une véritable ruche en ce moment», dit Georges Duboeuf.

Le négociant, fils d'une famille dans le vin «depuis quatre siècles», se montre modeste quand il évoque le chemin parcouru, cet «écrin» qu'il a créé à Romanèche-Thorins.

Cet homme réservé, qui n'a pas connu son père, disparu quand il était enfant, est connu pour avoir organisé de mythiques fêtes du Beaujolais nouveau dans les années 1980, où se pressaient vedettes, coureurs automobiles, chanteurs, restaurateurs étoilés et hommes politiques. Sur les photos qu'il conserve de cette époque apparaissent notamment Sacha Distel, Carlos, Jacques Martin, Patrick Bruel, Bocuse ou Stéphane Collaro.

Le vieux négociant se souvient qu'alors, dès que les lampions s'éteignaient en Saône-et-Loire, il «prenait le Concorde pour New York», où les évènements festifs se poursuivaient, sous l'objectif des caméras.

Quand il évoque ses souvenirs, les viticulteurs sont toujours présents. Il travaille d'ailleurs directement avec eux, achète le raisin de plus de 100 vignerons, du vin à 400, a la réputation de connaître sur le bout des doigts leur terroir, leurs parcelles, même leurs cuves. «Et un vin est acheté après avoir été goûté une dizaine de fois», dit le négociant qui, à 78 ans, continue d'accueillir des clients dans la salle de dégustation.

Le rideau est retombé sur ses fêtes en Saône-et-Loire. Mais le «succès planétaire» est assuré, ce «vin magique» s'imposant grâce à son «côté festif, amical, joyeux», dit cet inlassable promoteur du Beaujolais nouveau, qui s'est fixé comme objectif la conquête de nouveaux marchés comme la Chine, l'Inde ou la Russie.