Le déclin de la consommation de vin en France est loin d'avoir atteint le fond de la bouteille, selon une récente étude. Le contraste est saisissant avec le Québec où le nombre de litres consommés est à la hausse, d'année en année.

Les Français boivent en moyenne 45 litres de vin par personne, chaque année. Bien qu'ils soient parmi les plus grands buveurs de vin de la planète, leur consommation a baissé de 30% depuis 20 ans.

Une étude publiée par l'École de commerce de Pau n'a rien de rassurant pour les viticulteurs français. En effet, les chercheurs ont noté que les consommateurs réguliers de vins sont passés de 51% de l'ensemble de la population en 1980 à 21% en 2005. Et ce nombre pourrait chuter à 13% en 2013.

«On peut constater la disparition progressive de la sacralisation du vin en France sur quatre générations», expliquent les chercheurs Thierry Lorey et Patrice Cailleba dans leur rapport.

Et ce sont les moins de 35 ans qui boudent le vin en France. Ils ont une façon totalement différente des générations précédentes de boire et de voir le vin. Ils considèrent cette boisson comme un produit de luxe, à consommer très occasionnellement, dangereux pour la santé.

Dans la Belle Province, la tendance est tout autre. Les Québécois ont bu en moyenne 22 litres de vin en 2010 selon Statistique Canada. Et ce chiffre est en constante augmentation, depuis les dernières décennies.

«Alors qu'en France, les grands-parents buvaient beaucoup de vin, c'était tout le contraire au Québec. Ils buvaient de la bière et des spiritueux. L'engouement pour le vin a commencé avec les baby-boomers. Et ça a continué. Même les jeunes aujourd'hui apprécient le vin», observe le rédacteur en chef de Vinquébec.com, Marc André Gagnon.

Au Château Palmer à Bordeaux, Bernard de Laage de Meux constate cette nouvelle tendance. Il raconte que la plus vieille génération française considérait le vin comme une boisson commune, celle qu'ils apportaient avec eux au travail. Mais aujourd'hui, le vin n'est plus une boisson comme les autres, raconte-t-il.

Pourtant, la baisse de la consommation inquiète le directeur commercial d'un des plus prestigieux châteaux de Bordeaux.

«Les gens finissent tôt ou tard par s'intéresser aux grands crus comme le nôtre, dit-il. Ce sont les catégories plus génériques qui sont touchées. Mais on surveille ce qui se passe.»