Mercredi dernier, le 23 mars, Liz Taylor décédait. Par sa présence à Puerto Vallarta (PV) où elle accompagnait son mari Richard Burton qui y enregistrait le film culte Night of the Iguana, elle avait catapulté le charmant village mexicain de Puerto Vallarta (PV) sur la carte du monde touristique. Comme son aura y plane toujours et qu'au fil des dernières années j'ai eu le privilège d'y passer plusieurs semaines, je me suis donc dit qu'il serait temps que je vous donne mes pistes aromatiques des meilleurs aliments et restaurants locaux de cette plus qu'aromatique station balnéaire. Beaucoup plus qu'un lieu de tournage d'un film d'une autre époque.

Reconnue pour ses multiples restaurants de qualité, PV recèle aussi d'excellents comptoirs de rue où l'on peut se régaler. Les tacos y font bonne figure, tels que les tacos de marlin ahumado (poisson fumé) chez El Calamar Aventurado (rue Constitucion), ainsi que les tacos de crevettes en tempura de chez Marisma (rue Naranjo).

Ces tacos de chez Marisma sont cuisinés avec une tempura à la bière, des tortillas à base de farine de maïs non blanchie, faites à la main et cuites à la minute. Servis avec une salsa de tomate ou de coriandre fraîche. Il suffit de vous apporter une bouteille de chenin blanc mexicain ou de sauvignon chilien bien frais, car qui dit crevettes et coriandre dit blanc sec en mode anisé, et c'est le paradis aromatique!

Il y a aussi Pancho's Takos, sur la célèbre rue Basilio Badillo (pas un comptoir extérieur, mais ça en a un peu l'air), où l'on sert les emblématiques tacos del pastor. Ce sont des tacos de lanières de porc marinées à l'ananas, tout simplement délectables et aromatiques à souhait! Parfait pour una cerveza oscura (bière brune) ou un chardonnay élevé en barriques.

Puis, au restaurant Fajitas Republic, aussi dans Basilio Badillo, on sert parmi les meilleures fajitas flambées à la tequila à table! Si le poisson ou la crevette dominent demandez un soutenu mais ensoleillé rouge de petite sirah.

Et que dire de l'historique chile en nogada? Un piment mexicain farci de porc, d'épices douces, d'amandes et de raisins secs, accompagné d'une sauce onctueuse à base de noix, le tout servi frais. L'un des meilleurs se trouve au restaurant Coco's Kitchen (rue Pulpito). Accompagnez-le d'un fumé blanc californien élevé en barriques ou d'un rouge de cabernet franc, deux cépages partageant le même profil aromatique que le type de piment utilisé.

Les meilleurs ceviches en ville, les ceviches en quadros (en quartiers), se dénichent chez Lirios (rue Aguacate), le secret le mieux gardé de PV. Comme la lime et la coriandre donnent la piste aromatique à suivre, il faut ici un rafraîchissant sauvignon blanc, tout comme une zestée bière blanche. Parlant de bières, les amateurs sont au comble en se dirigeant au El Deposito (rue Pulpito), un marchand de bières, où une vaste sélection des meilleures bières des quatre coins du monde sont vendues, froides, mais aussi servies sur place.

Parfait pour emporter une bouteille de votre terpénique india pale ale préférée, la plage étant à un demi-coin de rue. Une bière qui sera en osmose avec les brochettes de crevettes grillées à la salsa épicée, offertes sur la plage par de sympathiques vendeurs. À moins de vous concocter, comme les Mexicains le font, une agua fresca, aussi appelée agua de Jamaïca, qui est en fait une eau infusée à la fleur d'hibiscus séchée.

Enfin, qui dit Mexique dit chocolat. Il y a deux desserts servis en restaurant qu'il ne faut pas manquer. Premièrement, la tentacion de chocolate, servie au restaurant El Dorado (sur la plage), qui, lorsque cuit à perfection, est l'un des meilleurs fondants dégustés à ce jour... accompagné d'arachides grillées et d'une gelée de tapioca à la tequila.

Puis, le délirant et gourmand pan de chocolate du restaurant-bar El Patio de mi Casa (rue Guerrero), inspiré d'une création d'elBulli. Simplement: une tranche de pain intégrale, arrosée d'huile d'olive, surmontée de gros morceaux de chocolat noir saupoudré de quelques cristaux de sel de Maldon. Que des produits de grande qualité, le tout enfourné quelques secondes. Décadent! Une tequila añejo, torréfiée par l'élevage en barriques, ou un tout aussi torréfié, mais un brin lacté espresso macchiato du El Cafe Sofa (rue V. Carranza), et vos cils olfactifs deviennent mexicains!

François Chartier est l'auteur du guide des vins La sélection Chartier 2011 et du livre Les recettes de Papilles et Molécules (éditions La Presse). Suivez-le sur Facebook.com/PapillesetMolecules

Trois références mexicaines

Patron Silver Tequila

Tequila, The Patron Spirits Company, Mexique

72,50$ (10 689 981) **** MODÉRÉ+

Oubliez les tequilas puissantes, quelquefois décapantes, et découvrez cette tequila de type Silver élégante, raffinée, aérienne et florale au possible. Puis amusez-vous à créer soit des cocktails, soit des plats avec les aliments et les liquides complémentaires à la tequila comme le sont, entre autres, la framboise, la rose, l'hibiscus, le litchi, le gingembre, la citronnelle, la canneberge, la lime, le wasabi, la bière blanche et le gewurztraminer.

Nebbiolo Reserva Privada L.A. Cetto 2005

Valle de Guadalupe, Baja California, L.A. Cetto, Mexique

19,05$ (10 390 233) ***$1/2 PUISSANT

Le vin sur mesure pour soutenir la sauce épicée aux fèves rouges et au chocolat d'un poulet mole poblabo comme on le prépare à Puerto Vallarta au Cafe El Repollo Rojo. Ce 2005, tout comme l'était le 2004 souligné dans le guide des vins La sélection Chartier, est dans la lignée des précédents millésimes. C'est-à-dire toujours aussi richement parfumé et confituré, à la bouche presque dense, aux tanins qui ont du grain, mais enveloppés par la générosité solaire. Il représente comme toujours une aubaine pour ceux qui veulent faire leurs classes, à prix doux, avec le cépage piémontais nebbiolo.

Petite Sirah L.A. Cetto 2008

Valle de Guadalupe, Baja California, L.A. Cetto, Mexique

11,85$ (429 761) **1/2$ CORSÉ+

Si vous vous cuisinez des fajitas de boeuf, c'est le genre de rouge qu'il vous faut. Toujours expressive, cette petite sirah de la Baja California, faisant partie du vignoble mexicain, se montre toujours aussi aromatique et épicée, aux relents de cassis et de girofle, joufflue et capiteuse, aux tanins certes présents mais enrobés. Difficile de trouver mieux en matière de petite sirah offerte à ce prix. Il faut savoir que la petite sirah, qui n'a rien à voir avec la syrah, est née en 1880, en Californie, sous le nom de durif, du docteur du même nom, qui avait mis au point un cépage pouvant résister à l'invasion du mildiou. Puis, en 1890, elle fut rebaptisée petite sirah.