«Pet'Nat», «Tête à claque» ou «Turbullent»: pour séduire la «génération coca» peu initiée aux subtilités du vin, des vignerons surfent sur la tendance des vins légers en alcool (10 degrés maximum), essentiellement des rosés pétillants, très prisés à l'export.

Loin des grands crus millésimés, ces vins «de copains», sucrés et aux arômes marqués de fruits rouges, sont une «porte d'entrée» dans l'univers vinicole méconnu de «la génération coca, pas éduquée dans le vin», des 20-40 ans, se réjouissent des vignerons au 25e Salon des vins de Loire à Angers.

Ils proposent «une alternative heureuse au mélange coca-tequila» à des jeunes qui auront peut-être envie, ensuite, d'autres découvertes gustatives, espère Aynard de Clermont Tonnerre, viticulteur en Touraine.

Il a vendu en 2010, notamment à des bars à vins, dans les pays anglo-saxons et au Japon, quelque 18 000 cols de son «Pet'Nat», un vin au goût de fraise à 8,5°, élaboré depuis 3 ans avec un cépage de Gamay et vendu sous l'appellation «vin mousseux de qualité de type aromatique» (VMQTA).

Ces vins légers, également produits dans d'autres vignobles que celui de la Loire, sont élaborés selon la méthode dite «ancestrale», c'est-à-dire «l'arrêt du cours de la fermentation» avant que le vin ne devienne trop fort en alcool, explique Aynard de Clermont Tonnerre.

«Ça ne saoule pas, c'est bon, il y a un créneau pour que les jeunes qui n'aiment pas le vin puissent l'apprécier», estime Frédéric Pasteau, un commercial de Poitiers travaillant pour des cavistes, après avoir goûté l'un d'entre eux.

«Ca fait très diabolo», reconnaît Anne-Sophie Antoine, sommelière chez un chef étoilé de Vendée, jugeant néanmoins, au sortir d'une dégustation de «Turbullent», la bulle «élégante» et le vin «sucré, mais pas lourd, super pour un dessert à base de fruits rouges ou en apéritif».Au-delà d'une nouvelle clientèle «jeune» recherchée par certains producteurs dans un contexte de baisse de la consommation de vin en France, ces pétillants légers répondent aussi à la «peur du gendarme».

«Les gens qui doivent prendre la route après un apéro ou une réception, un mariage, sont intéressés», assure Jean-Jacques Bonnet, producteur bio de muscadet en Loire-Atlantique, qui sort des coulisses de son stand un blanc pétillant à 10 degrés, pas encore baptisé.Et même certains puristes sont séduits, aux dires des vignerons.

«Les soi-disant grands connaisseurs, qui au départ n'en veulent pas, car ils considèrent ces vins comme trop ludiques, une fois qu'ils ont goûté, reprennent un verre», assure Guillaume Reynouard, vigneron bio près de Saumur, qui a vendu en 2010 quelque 11 000 bouteilles de son «Tête à claque» à 9,5% (mélange de Chardonnay, Chenin et de Cabernet franc).

La moitié est partie à l'export, au Japon et aux États-Unis, selon lui. La démarche «est intéressante, surtout dans le contexte d'élévation des degrés d'alcool des vins», considère un producteur de vin traditionnel, Alain Godeau.

«C'est intéressant pour les clients, ils peuvent boire trois verres au lieu de deux», estime Amaury de Jessey, sur le stand du domaine du Closel, près d'Angers, en regrettant toutefois le côté «monogame» de ce type de vin, sans variation de goût d'une année sur l'autre, selon lui. «Pour moi, c'est du sirop», renchérit, sceptique, Évelyne de Pontbriand, viticultrice du domaine du Closel.