Est-ce les bulles? Ou bien... l'état d'esprit dans lequel on les consomme? Toujours est-il que les vins effervescents, dont les mousseux, ont l'art de mettre le coeur en fête. Et, ainsi, bus à l'apéritif, de bien préparer pour le repas qui suit, du moins normalement.

Mais, bien sûr, on peut également boire un verre de mousseux pour lui-même, sans nécessairement passer à table par la suite. Et, comme dans le cas des champagnes, nul doute qu'il existe des mousseux de qualité susceptibles de faire de bons vins de repas. Soit pour accompagner l'entrée, soit avec le plat principal.

Comme tous les ans, donc, et comme on l'a vu samedi dernier, l'Association québécoise des agences de vins, bières et spiritueux a tenu, cette année encore, deux dégustations de vins effervescents.

La première réunissait 48 mousseux d'un peu partout (Californie, Espagne, France, Italie, etc.), avec la journée suivante 30 autres vins, soit quelques Franciacortas (Lombardie) et des champagnes.

Il était question des champagnes samedi dernier; au tour des mousseux!

Chose importante à se rappeler: certains mousseux de qualité, pourtant nettement moins chers, peuvent rivaliser avec des champagnes et même en surpasser certains...

J'ai goûté les 48 mousseux à l'aveugle, mais, comme pour les champagnes, tout en prenant connaissance de l'identité de chaque vin une fois celui-ci dégusté, afin de bien le garder en mémoire.

Et, de nouveau, j'ai... noté bas et, exceptionnellement, sur l'échelle de 100 points, afin de nuancer le plus possible, plutôt que sur l'échelle habituelle de une à cinq étoiles.

Le potentiel de garde, que je n'ai pas tenté d'évaluer, n'est pas indiqué.

Voici donc ceux qui m'ont semblé être les meilleurs parmi ces 48 vins, en allant des mieux notés aux moins bien notés.

Roederer Estate Anderson Valley, 28$ (294181) 81/100

Vin de Californie, de la maison champenoise Roederer, au bouquet de bonne ampleur, non sans complexité, se présentant avec des notes rancio peu appuyées (des notes oxydatives voulues par les vinificateurs), de sorte qu'à l'aveugle absolu on pourrait fort bien croire qu'il s'agit d'un champagne. Moyennement corsé, équilibré, ses saveurs sont nuancées, avec quelque chose d'un peu gras (la maturité des fruits?). Très réussi et du niveau de certains champagnes. 12% (1174 caisses).

Crémant de Bourgogne Prestige Moingeon, 20,15$, (871277), 80/100

Mousseux de Bourgogne qui a quelque chose d'aérien, tout en dentelles, au rancio on ne peut plus discret. Plutôt léger, fin, d'une certaine complexité. Délicieux. 11,5% (1277 caisses).

Crémant de Bourgogn eLouis Picamelot, 18,50$, (11140640), 80/100

Dégusté après le précédent, il est de style très semblable, légèrement rancio, mais avec un peu plus d'ampleur et de corps. 12% (220 caisses).

Greg Norman Estates, 24,40$, (11163542), 80/100

Mousseux d'Australie, de Chardonnay et de Pinot noir, son bouquet s'accompagne encore là de nuances un peu rancio. De corps moyen, il a toute l'acidité voulue et donc du tonus. Très bon vin. 11,5% (261 caisses).

Crémant de Bourgogne Blason de Bourgogne Caves de Marsigny, 18,20$, (10970), 79/100

Plutôt léger, avec lui aussi quelques notes oxydatives - le rancio -, son acidité lui confère du tonus. Fort bon, mais il y en a peu. 12% (48 caisses).

Crémant de Limoux 2007 Laurens Clos des demoiselles, 20,45$,  (10498973), 79/100

Mousseux qui se distingue par son acidité bien marquée, sans qu'elle soit excessive, ce qui, m'a-t-il semblé, lui donne plus de corps que beaucoup d'autres, avec aussi des nuances rancio. 12% (293 caisses).

Mousseux rosé Cuvée de l'Écusson Bernard Massard, 17,35$, (11140674), 79/100

Le bouquet de ce mousseux rosé est plutôt unidimensionnel, mais net. De corps moyen, le dosage (l'ajout de liqueur sucrée, dite d'expédition, au vin) m'a semblé perceptible, l'ensemble restant malgré tout équilibré. 12% (143 caisses).

Mousseux rosé Yellowglen Vineyards, 14,90$, (10938932), 77/100

Mousseux rosé d'Australie, au bouquet flatteur, de fruits rouges. Moyennement corsé lui aussi, le dosage est perceptible dans ce cas également, tout en restant acceptable. 11,5% (963 caisses).

Crémant de Bourgogne rosé, Perle d'Aurore Louis Bouillot, 21,80$, (11232149), 76/100

Autre rosé, au bouquet délicat, de fruits rouges, net. Plutôt léger, il possède toute l'acidité voulue. Fort bon. 12% (327 caisses).

Vouvray 2008, Château Moncontour, 19,75$, (430751), 76/100

Mousseux de la Loire, de Chenin blanc, au bouquet neutre, peu expressif, mais franc. Tout au plus moyennement corsé, son acidité lui apporte du tonus, le vin laissant des nuances genre résine de conifères dans l'après-goût. 12% (1728 caisses).

Les ventes, la méthode...

L'an passé, les ventes de mousseux et de champagnes ont atteint au Québec 97 200 caisses de 12 bouteilles (750 ml) entre le 22 novembre et le 2 janvier 2010, dont 60% de mousseux et 40% de champagnes, totalisant, en valeur, tout près de 28 millions.

Bref, c'est dans le temps des Fêtes... que l'on fête!

Enfin, il y a, comme on sait, une demi-douzaine de méthodes d'élaboration des vins effervescents, la plus réputée étant la méthode champenoise, expression réservée depuis 1994 au seul vin de la Champagne. (Pour les autres vignobles, on utilise l'expression méthode classique ou traditionnelle... même si elle est la même qu'en Champagne).

Selon cette méthode, le vin devient effervescent en bouteilles, et non en cuves, grâce à l'ajout d'un mélange de sucre et de levures, appelé la liqueur de tirage, qui provoque une deuxième fermentation en bouteilles et donc l'apparition de gaz carbonique. On parle alors de prise de mousse.

À la vôtre!