Le rosé pique la curiosité, comme le montre la progression des ventes de ce type de vin (+ 7,6 % au cours du dernier exercice financier de la SAQ), qui est supérieure à l'augmentation enregistrée pour toutes les autres catégories (+ 5 %).

L'explication ? En voici une, qui en vaut sans doute bien d'autres.Vins faciles, les rosés sont synonymes de détente, de beau temps estival, de vacances, période bénie que l'on voudrait toujours voir se prolonger.

«Les vacances, c'est le temps où l'on n'a rien à faire et tout le temps pour le faire», a déjà dit je ne sais trop quel sage.

Les rosés sont donc des vins à boire sans trop se poser de questions, puisqu'on n'y trouve pas la complexité des meilleurs vins des deux autres couleurs. Lesquels demandent toujours un certain effort de concentration pour être correctement appréciés.

Il y a deux façons, rappelons-le, d'élaborer des rosés. Soit par saignée, en prélevant une certaine quantité de vin d'une cuve de vin rouge pendant que celui-ci est encore peu coloré ; soit par pressurage, en pressant lentement des raisins rouges pour en extraire une petite quantité de couleur, le jus étant ensuite mis à fermenter sans les pellicules, comme on le fait pour les vins blancs.

Autre beauté du rosé : c'est un vin passablement passe-partout, qu'on peut boire en apéritif, avec des poissons et des fruits de mer, des viandes blanches, de la charcuterie, les viandes rouges ne lui convenant pas, toutefois.

Rosé rimant avec été, voici donc, comme tous les ans, une sélection bien personnelle de ces vins, à l'aube de la belle saison, retenus parmi les 54 qu'a fait goûter, en trois séances, la SAQ à la presse spécialisée.

J'ai dégusté les 54 vins à l'aveugle, tous étant à boire sans délai car, sauf rares exceptions (on peut penser aux Bandols rosés, de Provence), on ne met pas de rosés en cave.

Le potentiel de garde, que je n'ai pas tenté d'évaluer, n'est donc pas indiqué. Les vins sont présentés par ordre de préférence personnel, en allant des mieux notés aux moins bien notés.

Enfin, les notes attribuées aux vins pourront peut-être sembler basses, mais tels sont les rosés - simples, faciles, aussi bien le répéter. Bref, une note de deux étoiles est tout à fait honorable.

Crémant de Bourgogne Louis Bouillot, 21,80 $ (11 232 149), ***, $$½.

Mousseux rosé de Bourgogne, sa couleur, genre pelure d'oignon, est peu prononcée, son bouquet plutôt délicat, avec des nuances et non sans finesse. Moyennement corsé comme mousseux, ses saveurs sont franches et on retrouve en bouche la finesse qu'annonce le bouquet. Je croyais déguster... un champagne rosé ! 12 % d'alcool (117 caisses).

Valle de Colchagua 2008 Syrah Montes, 17,85 $ (11 231 939), **½, $$.

Rouge clair plutôt que rosé, son bouquet de fruits rouges est expressif, nuancé. La bouche suit, avec du corps, du caractère, et la dose voulue d'acidité. Peut tenir tête à des plats aux saveurs assez relevées. 13,5 % (151 caisses).

California 2009 Liberty School, 18,95 $ (11 243 446), **½, $$.

Rosé de Grenache, de Syrah et de Mourvèdre, d'une couleur orangée. Je croyais déguster un vin de Grenache, de la vallée du Rhône... Flatteur, d'une bonne ampleur, il renferme un peu de sucre résiduel, tout en restant équilibré. 13,5 % (232 caisses).

Côtes de Provence 2009 Pétale de rose, 17,85 $ (425 496), **½, $$.

D'un rose très pâle, et fidèle à son style, il s'agit d'un vin plutôt léger, au bouquet expressif et au bon goût de fruit, avec quelque chose d'aérien. Rosé de charme... 12,8 % (1330 caisses).

Coline Teatine 2009 IGT Masciarelli, 14,45 $ (11 278 067), **½, $½.

Vin des Abruzzes (Italie), de Montepulciano, rouge clair et donc bien coloré pour un rosé. Le bouquet, net, ne manque pas d'ampleur, tout en étant plutôt tout d'une pièce, et ses saveurs sont passablement relevées, de sorte qu'il peut faire un bon vin de repas. En vente le 1er juin. 12,5 % (2194 caisses).

Côtes de Provence 2008 Domaine Gavoty, 23,15 $ (11 231 867), **½, $$½.

D'un rose pâle tirant sur le beige, son bouquet, délicat, net, ne manque pas de charme. De corps moyen comme rosé, ses saveurs sont franches, avec un bon goût de fruit, que rehausse un peu de gaz carbonique. 13 % (158 caisses).

Coteaux d'Aix-en-Provence 2009 Les Béatines, 17,30 $ (11 232 261),**½, $$.

D'un beige légèrement rosé dans ce cas également, peu coloré, son bouquet, ténu, brille par la qualité de son fruit. Plutôt léger, des saveurs franches, avec aussi un peu de gaz carbonique. À boire par exemple en apéritif. 13 % (146 caisses).

Côtes de Provence 2009 Roseline Prestige, 15,70 $ (534 768), **, $½.

Assez peu coloré, pelure d'oignon, ce rosé toujours réussi l'est encore une fois en 2009. Moyennement corsé, ses saveurs se présentent avec une certaine complexité et... sans doute aurais-je pu mieux le noter. 12,5 % (5172 caisses).

Tavel 2008 Domaine du Vieil Aven, 19,90 $ (640 193), **, $$.

D'une couleur soutenue, orangée, son bouquet de volume moyen est net, non sans une certaine complexité. Du corps, et une bonne persistance de l'après-goût. Se comportera bien à table. 13,5 % (919 caisses).

Utiel-Requena 2009 Bobal Hoya de Cadenas, 11,65 $ (11 073 011), **, $.

Rosé d'Espagne. Une couleur soutenue, orangée, un bouquet de bon volume, non sans certaines nuances. Et puis du corps, le tout bâti sur une juste dose d'acidité. Tiendra sa place à table. 12,5 % (2761 caisses).

Côtes du Roussillon Fruité Catalan, 12,65 $ (11 015 902), **, $½.

De la couleur, un bouquet de fruits rouges expressif quoique plutôt unidimensionnel, on a là un rosé qui s'impose par ses saveurs bien présentes. Rien de complexe, mais il a du fruit. 13,5 % (1907 caisses).

Coteaux du Languedoc 2009 Château de Lancyre, 15,50 $ (10 263 841), **, $½.

Vin plutôt léger, renfermant une assez bonne dose de gaz carbonique, ce qui en exalte les saveurs. Un joli bouquet, dans lequel on trouve - comme assez souvent dans les rosés - un effluve de vernis à ongles. Fort bon. 13,5 % (2450 caisses).

Coteaux du Languedoc 2008 Réserve de la Grange, 10,25 $ (391 565), **, $.

Rose-orangé, il montre (c'est un 2008) que les rosés peuvent quand même tenir un moment. Bouquet de volume moyen, des saveurs nettes, avec une certaine fermeté en finale. À petit prix. 12 % (2120 caisses).

Bardolino 2009 Lamberti, 12,95 $ (396 572), **, $½.

D'une couleur un peu rougeâtre, se présente au nez avec une note rappelant l'odeur des oranges. Plutôt léger, il renferme lui aussi passablement de gaz carbonique. 12 % (621 caisses).

Campo de Borja 2009 Borsao Rosado, 11,90 $ (10 754 201), **, $.

La couleur tire vers le rouge, le bouquet, de petits fruits rouges, est net, tout d'une pièce. Moyennement corsé, il fait montre en bouche de la même netteté qu'au nez. À prix doux. 13,5 % (11 797 caisses).