Avec un dollar canadien presque à parité avec le billet vert de l'Oncle Sam et l'euro qui plante, nous devrions, pense-t-on logiquement, payer les vins américains et européens moins cher.

Eh ! non, malheureusement pour le consommateur, en matière de prix et de fluctuation de devises, l'équation ne donne pas toujours un résultat logique.Bonne nouvelle, toutefois, le prix d'environ 800 produits (sur 10 000) vendus par la SAQ devrait diminuer au cours des prochaines semaines grâce à la bonne tenue du huard (dont le vrai nom, ironiquement, est : plongeon).

Pourquoi ne bénéficie-t-on pas d'une baisse des prix généralisée pour les vins américains et européens ? se demandent de nombreux clients de la SAQ.

Tout simplement (euh, en fait, ce n'est pas si simple que ça) parce que la SAQ négocie l'achat de 80 % de ses produits en dollars canadiens (une fois par année).

Exemple : le fournisseur californien X s'entend avec la SAQ pour lui vendre son cabernet sauvignon 10 $ CAN la bouteille pour une période de 12 mois. Que le dollar américain perde de la valeur pendant cette période ne changera donc rien au prix convenu de 10 $ CAN.

La SAQ donne le choix de la devise à ses fournisseurs. La grande majorité d'entre eux préfèrent transiger en dollars canadiens. «De nombreux producteurs refuseraient tout simplement de vendre à la SAQ si on ne leur donnait pas le choix, explique Isabelle Merizzi, directrice des affaires publiques. Ces producteurs ne veulent pas assumer les risques d'une dévaluation, alors ils préfèrent s'entendre à l'avance pour être payés en dollars canadiens et savoir quelle somme ils recevront.»

Évidemment, c'est une bonne affaire pour la SAQ (donc, pour nous) lorsque le dollar canadien chute, mais on ne tire aucun avantage dans la situation inverse. L'expérience des dernières années démontre que les consommateurs québécois sortent gagnants, affirme Mme Merizzi.

La SAQ assure par ailleurs ses arrières lorsqu'elle transige en devises étrangères. Après avoir négocié le taux de change avec la banque, la société d'État achète une assurance «stabilisation» (en fait, le vrai nom est : contrat de couverture de change), qui garantit que 50 % (ou plus) des devises étrangères garderont la même valeur même en cas de dévaluation. La plupart des entreprises transigeant en devises étrangères (le Canadien de Montréal, notamment) négocient de tels contrats de couverture.

Avec un dollar canadien presque à parité avec la devise américaine, les écarts de prix entre le Québec et certains détaillants privés américains sont encore plus frappants ces temps-ci.

Quelques exemples constatés en Floride (détaillant ABC) en avril :

-Coppola Claret : 14,85 $ US en Floride, 26,75 $ CAN ici ;

-Les Pagodes de Cos : 25,50 $ US en Floride, 59,99 $ CAN ici ;

-Joanin-Bécot : 24 $ US en Floride, 37,25 $ CAN ici.

Petits conseils si vous cherchez les aubaines aux États-Unis : visitez quelques détaillants et supermarchés puisque les prix changent beaucoup de l'un à l'autre.

Par ailleurs, tenez-vous en aux quantités permises par le Canada si vous en rapportez ici.

La preuve, ce courriel d'une lectrice :

«Après avoir lu votre article sur le prix des vins en Floride, j'en ai rapporté deux caisses ! Nous étions prêts à payer les douanes, mais malheureusement, les douaniers avaient changé leur façon de faire et facturent maintenant la perte engendrée par la SAQ en plus de la douane. Ils nous font payer le double du prix payé en Floride. Sur le site de Douanes et accise Canada, il y a tous les détails. Il faut être prudent avant de penser faire une bonne affaire. Il est préférable de se limiter à la quantité permise.» La modération a bien meilleur goût, sauf pour le fisc...