L'idée pourrait en inspirer plusieurs: le restaurant Les Chenêts a vidé sa cave et rempli ses goussets dans les derniers mois grâce à un encan virtuel organisé avec la SAQ et l'Hôtel des encans.

La vente aux enchères, conçue en trois étapes, a permis d'écouler environ 2700 lots (plus ou moins 25 000 bouteilles) et de récolter autour de 2,5 millions.

 

Dans la première vague, en juin dernier, 406 lots se sont envolés pour près de 500 000$. La deuxième, en septembre: 1205 lots et 980 000$. Enfin, le troisième volet, fin janvier: 1134 lots, pour un total de 1,13 million.

Les fruits de la vente ont été répartis, selon une formule inconnue, entre l'Hôtel des encans, la SAQ et le restaurant de la rue Bishop, longtemps reconnu par les amateurs comme une référence pour le vin.

La collection des Chenêts était, en effet, impressionnante. Certains restaurateurs du Québec ont accumulé dans les dernières décennies des réserves de vin dignes des plus grandes caves du monde. On pense évidemment au Bistro à Champlain, de Champlain Charest, à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, ou au Latini, qui se classe aussi parmi les plus belles caves d'Amérique du Nord.

Pour avoir un aperçu de ce qui est sorti de la cave des Chenêts et aussi pour vous donner une idée des prix, rendez-vous à l'adresse suivante: www.iegor2.net/saq.

Qui sait, cela vous donnera-t-il peut-être envie d'investir au cours de prochaines ventes... ou de vendre une partie de votre propre cave.

Chose certaine, un tel exercice permet de mettre un prix sur certains produits, dont la valeur est toujours assez aléatoire dans le monde du vin.

Les lots vedettes de cette vente ont été adjugés, on s'en doute, à des prix faramineux, mais plusieurs amateurs ont aussi fait des affaires plutôt raisonnables. Un exemple parmi des centaines: six bouteilles de Tignanello 1989 à 950$, ce n'est pas extravagant lorsque l'on pense que de telles bouteilles se vendent facilement de 400 à 600$ dans les restaurant (et encore, c'est un minimum).

Beaucoup de grosses bouteilles (magnums et doubles magnums) ont aussi trouvé preneur. Parce qu'elles sont rares et très recherchées par les collectionneurs, ces bouteilles sont généralement plus chères. Les ventes aux enchères permettent donc de fixer des prix approximatifs.

Parmi les stars, les lots dits des «carrés d'as Duclot» (Pétrus, Haut-Brion, Latour et Margaux) se sont envolés à prix d'or: 23 100$, 24 750$ et 30 500$ pour les magnums.

Au département des inaccessibles, une caisse de 12 bouteilles de Romanée-Conti 1982 a été adjugée à 59 999$! (Ou, une «aubaine» en 1986: 48 900$.)

Au-delà de l'argent et du nombre de lots écoulés, la vente en ligne concernant un restaurant, une première, aura également été un succès pour la SAQ. La société d'État avait tenu des enchères en ligne il y a quelques années, mais elle n'y avait écoulé que des vins de sa propre cave.

Au plus fort de l'affluence, jusqu'à un million de «clics» par jour ont été enregistrés (des internautes qui faisaient du lèche-vitrine - ou lèche-écran dans ce cas-ci - avant le début officiel des enchères).

Quelque 4000 personnes se sont finalement dûment enregistrées pour la vente et elles ont envoyé 70 000 courriels de surenchère pour les trois volets.

 

MOINS DE 20$

Château Godard Bellevue, Bordeaux Côtes de Francs, 2004 (Code SAQ: 00914317), 18,85$

Un échantillon classique de ce qui se fait de beau-bon-pas trop cher dans ce coin du bordelais. Du fruit noir très merlot, quoique la bouteille dégustée semblait un peu endormie. Un tour en carafe l'aurait sans doute réveillée un peu.