Un Château Céline Dion avec votre gigot ou une cuvée Vincent Lecavalier avec vos pâtes?

Présenté comme ça, vous trouvez peut-être l'idée un peu farfelue, mais la SAQ pense que plusieurs amateurs de vin seront peut-être attirés par des bouteilles arborant le nom de célébrités sur leur étiquette.

Un lecteur perspicace a récemment porté à mon attention un appel d'offres pour le moins inusité lancé par la SAQ. Le monopole d'État cherche en effet des fournisseurs de ce qu'on appelle des «vins de célébrités», des bouteilles produites par des vedettes ou qui portent tout simplement leur nom en étiquette.

 

Plusieurs grands noms du show-business international et du monde sportif se sont déjà lancés dans le vin, soit comme producteurs, à l'instar de Gérard Depardieu ou de Francis Ford Coppola, soit comme actionnaires de vignobles, comme les golfeurs Mike Weir ou Greg Norman, ou alors comme simple «nom», comme les Rolling Stones.

C'est d'ailleurs le succès inespéré du vin Satisfaction - plus de 7300 bouteilles vendues depuis juin à la SAQ (Satisfaction Rolling Stone Napa Valley Californie 2005 (Code SAQ: 11146523) 45$) - qui a incité la SAQ à pousser plus loin l'expérience des «vins de célébrités».

Les Rolling Stones, contrairement à Gérard Depardieu, à Francis Cabrel ou à Jarno Trulli, ne contribuent pas à la production; ils ne font que vendre leur renommée et, dans le cas du Satisfaction, leur logo avec la grosse langue rouge. Certaines vedettes prêtent même leur nom à des vignobles où elles n'ont jamais mis les pieds, comme chez le producteur de vin de glace Sympathy for the Devil, inspiré lui aussi par les Stones. Madonna, Céline Dion, Barbra Streisand ou Kiss font de même, tous représentés par Celebrity Cellars. Apparemment, ça marche fort, au Québec comme ailleurs.

«On voit, avec le succès du vin Satisfaction, il y a un intérêt pour les «vins de célébrités» au Québec, explique Linda Bouchard, porte-parole de la SAQ. On ouvre donc de façon plus officielle et on vise aussi la qualité pour enrichir l'offre.»

Mais justement, la qualité est-elle au rendez-vous?

Le Satisfaction, par exemple, est un vin de bonne qualité fait de cabernet sauvignon, de merlot, de petit verdot, de malbec et de petite sirah de la vallée de Napa. À 45$, toutefois, on paye autant pour ses célèbres commanditaires que pour le vin lui-même.

Même inflation «vedettarienne» observée pour les trois vins de Gérard Depardieu vendus au Québec: Lumière, Guerrouane 2002, 31,75$; Confiance, premières Côtes de Blaye, 48,50$ et Ma Vérité, Haut-Médoc 2002, 117$!

Les vins ontariens de Wayne Gretzky, de Mike Weir et de Dan Akroyd, australiens de Greg Norman, français de Francis Cabrel ou italien de Jarno Trulli dégustés ces dernières années faisaient tous honneur à leur célèbres propriétaires. Les grandes vedettes n'ont pas intérêt à endommager leur propre marque de commerce en vendant du jus de planche. Cela ne garantit pas la qualité supérieure en tout temps mais, règle générale, ces vins sont tout à fait recommandables.

En fait, j'ai vécu ma pire expérience avec un vin de «célébrité» en décembre dernier à Green Bay, au restaurant Brett Favre's Steak House à l'ombre du légendaire Lambeau Field, où j'ai accompagné mes ribs d'une horrible piquette du nom de ce grand quart arrière. Vraiment imbuvable. Pénalité de 15 verges pour conduite anti-oenophile au vieux Brett!

 

UN PEU PLUS DE 20$

Coppola, Cabernet-Sauvignon, Claret Diamond Black Label, Napa 2007 (Code SAQ: 00863654) 26,75$ Un des pionniers au rayon des «vins de célébrités «, le fameux réalisateur des Parrain et d'Apocalypse Now, Francis Ford Coppola, produit des vins de bonne qualité, fiers représentants de leur riche terroir californien. Celui-ci, son «Bordeaux style», est un peu trop cher ici, mais avec une viande rouge grillée, c'est une valeur sûre.