Bon temps pour une chronique vins et mets olympique, question de saluer la diversité des vins de Colombie-Britannique, et pas seulement des vins de glace. Car même s'il est maintenant acquis mondialement que le climat du Canada permet l'élaboration d'excellents vins de glace, il y a beaucoup à dire encore pour faire savoir que de très bons vins blancs et rouges y sont aussi élaborés avec brio.

La Colombie-Britannique, avec son remarquable vignoble de la vallée de l'Okanagan au climat semi-désertique, se démarque vraiment du reste du Canada avec une production très prometteuse de vins secs blancs et rouges. Nombreux sont les domaines de grande qualité, tel Mission Hill, qui travaille avec l'oenologue bordelais Pascal Chatonnet. On fonde aussi beaucoup d'espoir, particulièrement en rouge, sur les vins d'Osoyoos Larose.

 

Découvrez les nombreuses belles pointures, à l'image du Riesling Reserve Mission Hill 2007 Okanagan Valley VQA, Mission Hill Winery (19,95$; 11 092 086) - très invitant riesling, à l'attaque certes un brin sucrée, mais tellement fraîche et harmonisée par une acidité si élancée que le vin se montre presque sec en finale -, ainsi que du Pétales d'Osoyoos 2006 Okanagan Valley VQA, Osoyoos Larose (25,85$; 11 091 981) - bel assemblage bordelais, émanant du grand vin d'Osoyoos Larose, à la fois frais et mûr, ample et compact.

Sans oublier la grande cuvée qu'est Oculus 2005 Okanagan Valley VQA, Mission Hill Winery (59,75$; 10 942 456) - dominé par le merlot, ce qui se ressent au nez, où le fruité est mûr et composé, ce cru est d'une profondeur qui rappelle certains des meilleurs crus du Libournais. Comme vous le constaterez, certaines maisons réussissent des vins qui n'ont rien à envier à de nombreux crus venus de Californie ou d'Europe. Il faut vraiment oser mettre le nez dans ces vins canadiens. De surprenantes découvertes vous y attendent, tout comme de belles envolées harmoniques à table.

MES TROIS CHOIX CANADIENS

Chardonnay Mission Hill «Reserve» 2007

Okanagan Valley VQA, Mission Hill Vineyards, Canada

19,95$ (11 092 078) *** $1/2 CORSÉ

Toute une réussite que ce chardonnay de Colombie-Britannique, comme l'était le tout aussi bon 2006, au nez exubérant, passablement riche et mûr à souhait, exhalant des notes d'ananas, de noix de coco et de vanille, à la bouche à la fois pleine et fraîche, d'une harmonie unique pour le style et d'une grande allonge. Amande grillée et miel viennent compléter la palette aromatique de ce cru à servir plus frais que froid, à 14°C, en accompagnement de plats dominés par le porc, la noix de coco, l'abricot ou la pêche, comme un curry de porc à la noix de coco ou un rôti de porc aux abricots et aux amandes grillées.

Cabernet/Merlot Mission Hill «Five Vineyards» 2007

Okanagan Valley VQA, Mission Hill Vineyards, Canada

17,45$ (10 544 749) **1/2 $1/2 MODÉRÉ"

Introduite au Québec avec son très bon millésime 2005, cette excellente maison de l'Ouest récidive avec un 2007 aromatique à souhait, au fruité mûr et engageant, légèrement boisé, sans être dominant, à la bouche ample, veloutée et presque pulpeuse, aux tanins gras, avec un certain grain, aux saveurs longues et précises, laissant deviner des notes de prune, de framboise, de café et de fumée. Si vous aimez les rouges un brin torréfiés, façon Californie, au corps texturé mais non dénué de fraîcheur, vous apprécierez plus que jamais cette cuvée de l'Okanagan. D'autant plus si vous la servez avec des brochettes de boeuf teriyaki, un foie de veau en sauce à l'estragon ou des tranches d'épaule d'agneau grillées au poivre noir accompagnée d'un sauté de poivrons verts et rouges au paprika.

Osoyoos Larose «Le Grand Vin» 2005

Okanagan Valley VQA, Osoyoos Larose, Canada

43$ (10 293 169) ***1/2 $$$1/2 CORSÉ"

Cinquième millésime commercialisé de ce récent domaine phare du vignoble canadien, résultant d'une association entre le géant canadien Vincor International et le grand groupe bordelais Taillan (propriétaire, entre autres, des châteaux Ferrière, Haut-Bages-Libéral et Chasse-Spleen). Il en résulte un 2005 coloré, au nez retenu et difficile à cerner mais marqué par une fraîcheur et une élégance certaines, à la bouche plus bavarde, presque généreuse, mais aux tanins tissés très serré, tendant le vin vers le futur. Corps compact et dense, fruité intense, sans excès, et boisé noblement appliqué. Devrait évoluer en beauté et en grâce. Servir d'ici à 2018, à 17°C et oxygéné en carafe 90 minutes, avec un magret de canard rôti à la nigelle.

 

 

François Chartier est l'auteur du livre Papilles et molécules La science aromatique des aliments et des vins (éditions La Presse), gagnant du prestigieux prix Best Innovative Food Book in the World 2010. Communiquez avec lui sur son site: francoischartier.ca