L'un de mes plus grands plaisirs coupables (enfin, coupable, pas tant que ça...) consiste, durant le temps des Fêtes, à faire péter les traditionnelles bouteilles de champagne de saison dans la cour arrière de ma maison.

Avec les enfants, c'est un hit à chaque occasion, juste pour voir jusqu'où se rendra le bouchon sur la neige. Au printemps, on retrouve les bouchons dans l'herbe mouillée, souvenirs éloquents de soirées festives.

 

Lorsque les gens d'Alcan Packaging Capsules m'ont parlé de leur révolutionnaire bouchon Maestro pour bouteilles de champagne, j'ai eu un réflexe plutôt négatif.

Un bouchon d'aluminium à vis sur une bouteille de rosé, à la limite sur un grand vin, je veux bien, et encore, je m'y résigne plus que je m'enthousiasme. Mais sur du champagne?

En s'attaquant au défi de remplacer le fameux bouchon de liège sur les bouteilles de champagne, Alcan Packaging savait que la difficulté serait double: technique, évidemment, mais aussi psychologique parce que l'immense majorité des amateurs de bulles seront récalcitrants devant un si grand changement.

Pourtant, trois ans et un million d'euros en recherche et développement plus tard, Alcan s'apprête à mettre sur le marché un nouveau bouchon. Avec la maison champenoise Duval-Leroy, qui sera la première à vendre des bouteilles avec ce nouveau dispositif, Alcan Packaging a imaginé un bouchon qui garde le fameux «POP!» caractéristique de l'esprit même du champagne tout en rencontrant la très stricte réglementation encadrant le commerce du champagne. Par exemple, le nom «champagne» doit obligatoirement être inscrit sur le bouchon et il est interdit d'utiliser un dispositif permettant de reboucher la bouteille. Quand le vin est tiré, il faut le boire, dit-on. Quand la bouteille de champagne est débouchée, il faut la boire!

Comment fonctionne le bouchon révolutionnaire?

En fait, l'idée de base n'a rien de révolutionnaire, au contraire, c'est une des plus vieilles idées en Champagne: le bouchon à couronne, qui ressemble à un bouchon de bière, surmonté par un bouchon enveloppant en aluminium, le tout assorti d'une poignée rappelant une goupille de grenade.

Les bouchons à couronne sont déjà utilisés dans les chais, pendant le vieillissement du champagne en cave. Ce n'est qu'au moment de l'expédition que les bouteilles sont bouchées avec le bouchon de liège recouvert du traditionnel surbouchon en métal chargé de retenir le tout en place.

Le nouveau bouchon-goupille devrait faire son entrée sur le marché sous peu. Outre Duval-Leroy, d'autres producteurs sont intéressés. Alcan a aussi présenté son dispositif à la SAQ, qui a manifesté, dit-on, beaucoup d'intérêt aussi.

Oui, mais, direz-vous, quel est l'intérêt d'un bouchon qui ne permet plus de «poper» au plafond dans un fracas festif?

D'abord, comme pour toutes les bouteilles de vin, les solutions de rechange au liège visent à protéger le précieux liquide des attaques du vilain TCA (trichloroanisole), la molécule responsable du «bouchonnage» des vins.

Ensuite, la goupille a un côté pratique pour les banquets, notamment, lorsque les serveurs doivent ouvrir à l'avance des dizaines de bouteilles.

Et puis, ne vous en faites pas trop pour vos folles soirées à péter des bouchons, il restera toujours des bouteilles bouchées au liège. Comme les bouteilles de champagne sont bouchées définitivement au moment de l'expédition, le producteur pourra décider de garder le liège pour une partie de sa production (privée) et la capsule pour le commerce et les restaurateurs.

Si jamais le Grand Prix de F1 revient à Montréal, on devrait être en mesure de trouver quelques bouteilles pour le classique shampoing au champagne.