Le vin rosé français va pouvoir bénéficier d'un étiquetage spécifique de «vin traditionnel» pour le distinguer des produits issus de simples mélanges de rouge et de blanc, a annoncé mardi la Commission européenne, qui espère ainsi clore une polémique sur le sujet.

Des experts des 27 pays de l'Union européenne ont adopté une décision en ce sens lors d'une réunion mardi concernant une réforme plus large de l'étiquetage et des appellations des vins dans l'Union européenne, a souligné un porte-parole de l'exécutif européen.

Il s'agit à ce stade d'un vote préliminaire, qui devra encore être confirmé fin avril.

Les producteurs de vin rosé français, ceux de Provence surtout, protestaient contre un projet européen prévoyant d'autoriser dans l'UE la fabrication de vin de table rosé simplement en mélangeant du vin rouge et du vin blanc, pratique déjà utilisée par les principaux concurrents de l'Europe dans le monde, en Australie ou en Afrique du Sud.

Selon la France, le rosé «authentique» est produit selon une méthode plus coûteuse, à partir de raisins rouges dont la pulpe et la peau sont macérées durant une durée relativement courte.

Pour tenter de régler le problème, les représentants des pays de l'UE ont décidé que les producteurs français pourraient utiliser l'étiquetage «rosé traditionnel» sur leur bouteille pour les mettre en valeur par rapport aux rosés par coupage.

La France pourra rendre par ailleurs obligatoire l'inscription de la mention «rosé par coupage» pour les vins issus de mélange, mais seulement pour les produits fabriqués en France.

Les rosés coupés fabriqués en Espagne ou dans les pays du Nouveau Monde (Australie, Afrique du Sud, etc.) par exemple ne seraient pas concernés.

Autre concession: les experts européens ont laissé ouverte la possibilité de «remplacer l'expression rosé traditionnel par une autre mention valorisante».

Concrètement, l'une des pistes envisagées côté français serait de pouvoir in fine autoriser une étiquette du type «rosé véritable». Pour parvenir à ses fins, Paris devrait toutefois obtenir l'autorisation de la Commission européenne qui entend veiller à ce qu'il n'y ait pas dérive protectionniste ou de discrimination.

L'étiquetage «vin traditionnel» est «le moins que l'on puisse faire», avait dit lundi le ministre français de l'Agriculture Michel Barnier en marge d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles.

Selon une source française proche des négociations, les discussions vont se poursuivre avec les professionnels concernés sur la mise en valeur de leurs produits.

«Je souhaite qu'on dise la vérité aux consommateurs. Et la vérité est qu'un vrai vin traditionnel rosé n'est pas la même chose qu'un vin rosé issu d'un coupage, tels que ceux faits par nos concurrents hors d'Europe», a estimé lundi M. Barnier, «je n'accepterai pas qu'on décourage le travail de qualité».

La commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel a défendu de son côté le projet d'autoriser le coupage pour le rosé de table.

«Je ne vois pas pourquoi nos producteurs européens ne bénéficieraient pas des mêmes possibilités que leurs concurrents étrangers», a-t-elle dit.