Un distributeur automatique, une carte à puce, un retrait. Une opération toute simple répétée quasi quotidiennement par tout un chacun, sauf qu'ici, dans un bar de Washington, on y retire... des verres de vin.

C'est le premier de la capitale des États-Unis et il n'en existe qu'une poignée dans tous le pays: «Ceviche», un bar à vin doté de trois distributeurs automatiques mis au point par la société italienne Enomatic.

À la carte, une gamme complète de vins venant d'Amérique du Sud: Zolo, cabernet sauvignon d'Argentine, ou encore Almaviva du Chili.

Pour déguster, il suffit d'acquérir une carte et de la créditer du montant de son choix. Pratique pour Lana, une cliente habituelle séduite par le concept.

«Pour moi, le truc le plus important, c'est que c'est dans le quartier», dit-elle en insérant sa carte dans l'un des distributeurs.

«J'aime le choix qu'ils proposent, ajoute-t-elle, et j'aime la facilité avec laquelle on peut prendre un verre de vin et se mettre à lire tranquillement ou discuter avec les gens».

Autre client -- Fred, un Irano-américain -- mais même rituel: la carte est insérée, le vin choisi, puis dégusté.

Lui apprécie l'«expérience différente». «C'est toujours sympa de faire un truc nouveau», explique-t-il.

Son choix s'est arrêté sur un Llicorella Cellars Unio Priorat 2003. Il appuie sur un bouton, le breuvage jaillit d'un robinet en métal jusque dans son verre. Commentaire: «c'est un drôle de gadget, c'est comme avoir un iPod. C'est amusant».

Blancs, rouges et rosés sont stockés derrière une vitre qui les maintient à la température idoine. Le dispositif permet de conserver la saveur du vin trois semaines après l'ouverture des bouteilles: l'oxygène qui s'y introduit lors de leur ouverture est remplacée par de l'azote, afin d'éviter toute oxydation du vin.

Côté quantités, les clients peuvent opter pour un verre plein de 15 cl, mais également ne choisir qu'un doigt, d'environ 3 cl, histoire de goûter, avant de déguster. Avantage: le système permet de s'essayer à des bouteilles de luxe, comme l'Almaviva, à 190 dollars la bouteille.

«Les vins de ce type ne sont généralement pas vendus au verre, parce que le restaurant voudra finir toute la bouteille une fois qu'elle est ouverte. Et à 50 dollars le verre, c'est difficile», explique Alejandro Umerez, un étudiant argentin en économie qui travaille au Ceviche la nuit.

«Mais ce système les met à la portée de toutes les bourses, parce qu'il permet de conserver le vin pendant trois semaines, et aussi parce vous pouvez goûter les vins dans un verre de 3 cl», poursuit-il. Il vous en coûtera ainsi 10 dollars pour 3 cl d'Almaviva, contre 1,50 pour l'équivalent de Zolo.

Pour Fred, le client irano-américain, le distributeur automatique présente un autre avantage, d'ordre plus psychologique. «Si vous avez un rendez-vous galant et qu'on attend que vous vous y connaissiez en vin, un distributeur automatique ne vous dira jamais que vous êtes inculte en la matière, alors qu'avec un serveur, ce n'est pas exclu...», explique-t-il en riant.