Twitter ne prend pas de décision par «idéologie politique», a assuré mercredi son patron, Jack Dorsey, lors d'une audition au Congrès américain, alors que le réseau social est accusé avec Facebook de partialité au détriment des conservateurs.

M. Dorsey et la numéro deux de Facebook, Sheryl Sandberg, étaient auditionnés par la commission du Renseignement du Sénat. Ils doivent s'expliquer sur «les opérations d'influence étrangères et leur utilisation des plateformes des médias». Ils sont soupçonnés de favoriser les opinions de la gauche américaine. La participation d'un dirigeant de Google ou de sa maison-mère, Alphabet, n'était toujours pas confirmée mercredi matin.

Le fondateur de Twitter, est également attendu dans l'après-midi à la Chambre des représentants, également pour répondre à des accusations de partialité envers les républicains, comme l'a dénoncé le président américain Donald Trump.

«Twitter n'utilise pas l'idéologie politique pour prendre ses décisions, qu'elles soient liées au classement du contenu de notre service ou à la façon dont nous appliquons notre règlement», a assuré M. Dorsey dans une déclaration.

Et le patron du réseau social d'ajouter que Twitter n'était «pas préparé» face à de vastes campagnes de manipulation qui ont touché les réseaux sociaux ces dernières années.

En avril, le patron de Facebook Mark Zuckerberg était déjà venu s'expliquer au Congrès et avait présenté ses excuses aux parlementaires pour les failles de sécurité du réseau social. Lors de la campagne 2016, des milliers de faux comptes avaient semé la discorde chez les électeurs en évoquant des sujets sensibles comme le racisme ou l'immigration.

La Russie a nié toute ingérence dans la campagne qui a porté Donald Trump au pouvoir.

L'entreprise de Mark Zuckerberg, largement critiquée pour n'avoir pas su identifier ces manipulations, a depuis développé des outils pour tenter de mieux les repérer.

La question est d'autant plus importante que les autorités américaines ont mis en garde contre de nouvelles tentatives de manipulations lors des élections de mi-mandat, en novembre. L'opposition démocrate va tenter de surfer sur la vague de mécontentement à l'égard de M. Trump pour reprendre le contrôle des deux chambres du Congrès, actuellement contrôlées par les républicains.

Méfiance du public

Ces auditions interviennent alors que le président américain a récemment mis en garde les géants de l'Internet contre ce qu'il estime être un manque d'impartialité. Il accuse notamment Google de truquer les résultats de son moteur de recherche au profit des médias «de gauche» et, logiquement, au détriment des conservateurs.

Selon des experts de la technologie et des médias, il n'est pas prouvé que Google fausse ses résultats pour des raisons politiques. Et s'il le faisait, le président américain aurait peu de chances d'obtenir une réglementation de ses algorithmes, en raison du droit constitutionnel à la liberté d'expression.

Pour Roslyn Layton, spécialiste d'internet à l'American Enterprise Institute, les auditions seront difficiles car les dirigeants des réseaux sociaux sont pris entre deux feux.

«Les démocrates sont énervés contre l'étendue de la désinformation lors de l'élection de 2016, et les républicains contre leur perception de partialité», dit-elle.

Adam Chiara, spécialiste des médias à l'université de Hartford, a pour sa part estimé que Google laisse passer une bonne occasion de redorer son blason alors que la réputation de la Silicon Valley, accusée de faire preuve de laxisme envers les discours racistes et les fausses informations, s'est détériorée ces derniers mois.

La méfiance a aussi gagné le grand public. Selon une enquête de l'institut Pew Research datant de juin, 43% des sondés estiment que les principales sociétés technologiques soutiennent les opinions progressistes plutôt que conservatrices, et 72% pensent que les plateformes de réseaux sociaux censurent les opinions politiques qu'elles désapprouvent.