Twitter a annoncé mercredi que les profils jugés douteux ne seront dorénavant plus comptabilisés dans le calcul du nombre d'abonnés. Le réseau social poursuit ainsi sa croisade contre des dizaines de millions de faux comptes sur sa plateforme dans le but de regagner la confiance du public.

Cette mesure s'inscrit dans une vague de suspensions de faux profils déjà commencée par le réseau social au cours des derniers mois. Twitter a retiré près de 70 millions de profils frauduleux depuis mai, selon des chiffres publiés par le Washington Post

« 15 000 [comptes douteux] retirés aujourd'hui dans mon cas ! Bon débarras », a ainsi notamment tweeté, hier, l'animateur de Tout le monde en parle, Guy A. Lepage.

« Si un contenu est faux ou carrément haineux, mais qu'il suscite le buzz, il va être relayé par ce type de compte là », explique Mélanie Millette, professeure au département de communication à l'Université du Québec à Montréal et experte en médias sociaux numériques.

« Ces comptes sont là pour mettre de l'argent dans les poches de quelqu'un », explique Mme Millette. En janvier dernier, le New York Times avait rapporté l'histoire d'une société américaine nommée Devumi qui avait engrangé des millions de dollars en vendant de faux abonnés sur Twitter.

Certains influenceurs ou microcélébrités du web vont acheter des abonnés à des entreprises détentrices de faux comptes. Moyennant une somme d'argent, ces stars d'internet vont gonfler artificiellement leur influence.

Twitter compte maintenant arrêter de comptabiliser ces comptes et, donc, les priver de toute influence. Résultat : le nombre d'abonnés de certaines célébrités devrait être en chute libre dans les prochains jours.

« Les faux comptes, les pourriels et l'automatisation malveillante perturbent l'expérience de chaque utilisateur », a admis Twitter dans un communiqué publié à la fin du mois dernier.

« PAS ASSEZ »

« C'est un premier pas, mais ce n'est pas assez », s'exclame Mme Millette. « Nos gouvernements sont en retard de dix ans. Ça nous prend de la réglementation », poursuit-elle.

L'experte rappelle que Twitter est une société cotée en Bourse qui base ses activités sur la recherche du profit. « C'est complètement utopique de penser que ces entreprises vont s'autoréguler et viser une démocratie plus saine et plus juste », estime Mme Millette.

LA TOILE FRANCOPHONE MIEUX PROTÉGÉE

Si le phénomène de faux comptes est un fléau chez nos voisins anglophones, la situation est moins dramatique au Québec puisque les messages en français générés automatiquement par des robots sur Twitter vont comporter de nombreuses fautes et être décelables plus facilement.

Le fait que le Québec soit un petit marché aiderait aussi à se prémunir contre ce type de fraude. «  On connaît nos vedettes. C'est plus difficile de berner son auditoire quand il y a cette proximité  », conclut l'experte en médias sociaux numériques.