Le premier ministre australien Malcolm Turnbull a exhorté jeudi le patron de Facebook Mark Zuckerberg à s'expliquer sur la dernière polémique éclaboussant le réseau social, à savoir l'accès aux données des utilisateurs octroyé à des groupes chinois.

Facebook s'est attiré de nombreuses critiques après avoir confirmé mardi que le constructeur chinois de smartphones Huawei, jugé proche du pouvoir chinois et mis au ban des fournisseurs de l'armée américaine, figure parmi les fabricants autorisés à utiliser les données personnelles des usagers.

Cette controverse intervient sur fond de tensions entre Canberra et Pékin. Les autorités australiennes, inquiètes d'éventuelles ingérences politiques chinoises, ont annoncé la semaine dernière un passage en revue exhaustif de leurs agences de renseignement.

«Il y a certainement beaucoup d'inquiétude concernant Facebook, au sujet du respect de la vie privée», a déclaré aux journalistes M. Turnbull à Brisbane. «Je serais favorable à ce que Facebook vienne témoigner devant nos commissions parlementaires.»

«Bien sûr, nous adorerions voir le patron», a-t-il répondu quand on lui a demandé s'il souhaitait que M. Zuckerberg s'explique.

De son côté, le vice-président de la commission conjointe des renseignements et de la sécurité du Parlement australien, Anthony Byrne, a déclaré que Facebook devait expliquer aux 15 millions d'usagers australiens du réseau social pourquoi il partageait leurs données avec des entreprises chinoises.

«Il est totalement inacceptable que des informations des utilisateurs de Facebook soient transmises en cachette par Facebook à Huawei», a-t-il dit au journal The Australian.

«Je veux comprendre pourquoi M. Zuckerberg a permis que cela arrive. Si nécessaire, il sera invité à venir devant la (commission) lors d'une audience publique pour s'expliquer», a-t-il ajouté.

Les nouvelles révélations interviennent quelques semaines après que Mark Zuckerberg a été interrogé au Congrès des États-Unis sur le détournement des données personnelles de quelque 87 millions d'utilisateurs de Facebook par Cambridge Analytica, un cabinet de conseil travaillant sur la campagne électorale de Donald Trump en 2016.

Depuis l'année dernière, Canberra s'inquiète d'éventuelles ingérences chinoises et a lancé une série de réformes des agences d'espionnage et de la législation sur les interventions étrangères.

Ces réformes découlaient d'une enquête des médias Australian Broadcasting Corporation et Fairfax Media qui affirmaient que de richissimes Chinois se servaient de dons pour avoir accès aux partis politiques australiens.