Le scandale de Cambridge Analytica a montré les ficelles du réseau Facebook, qui sont, en vérité, à la base de son modèle d'affaires. Nous avons demandé à l'expert en sécurité Benoît Gagnon - VP des technologies de l'information aux Commissionnaires du Québec - de donner tout de même quelques pistes pour protéger (un peu) ses données personnelles.

NE PAS UTILISER FACEBOOK

C'est, selon Benoît Gagnon, la façon la plus efficace de protéger ses données personnelles. Encore qu'on ne sait pas précisément quelles sont les données que conservera Facebook au moment de supprimer son compte. « N'oublions pas que le modèle d'affaires de Facebook est basé sur la vente de nos données personnelles, rappelle l'expert en sécurité. C'est sa raison d'être. Tout ce qu'on peut faire si on continue d'utiliser le réseau social, c'est de réduire sa surface de vulnérabilité. »

ÉVITER LES APPLICATIONS TIERCES

C'est grâce à une application tierce (un quiz) que Cambridge Analytica a siphonné les données personnelles de dizaines de millions d'utilisateurs de Facebook. On le voit notamment avec les jeux en ligne qui vous invitent à vous connecter sur Facebook pour obtenir des crédits. Tinder le fait aussi. « Il faut éviter de permettre à ces logiciels de se connecter à Facebook, recommande Benoît Gagnon, parce que ça leur donne un accès direct à vos données. Plus on utilise le réseau en vase clos, plus on complexifie la cueillette de données. »

« AIMER » AVEC PARCIMONIE

C'est la norme lorsqu'on consulte Facebook. On aime un commentaire, une photo, une vidéo, un article, des pages ici et là. C'est aussi grâce à ces actions que Facebook compile vos informations. Benoît Gagnon invite les utilisateurs du réseau social à aimer les pages d'entreprises, par exemple, « avec parcimonie ». « C'est grâce à ces données-là que Facebook construit ses profils psychométriques, rappelle-t-il. Il faut juste en être conscient et être prudent dans la fréquence de nos "J'aime" qui sont publics. »

BLOQUER VOTRE LISTE D'AMIS

En fouillant dans les paramètres de sécurité du réseau social de Mark Zuckerberg, on trouvera « Qui peut voir votre liste d'amis ? ». Benoît Gagnon suggère de ne pas donner un accès public à ces informations. « C'est grâce à cette liste que Facebook fait son profilage d'individus, en passant par la famille et les amis. Vous pouvez rendre cette info accessible à vos amis seulement ou alors ne pas la partager du tout, ça compliquera un peu la tâche de Facebook. » Benoît Gagnon a-t-il un compte Facebook ? « Oui ! répond-il. Est-ce que je suis paranoïaque ? Oui aussi. »

LA GESTION DE LA PUBLICITÉ

On peut limiter le ciblage publicitaire en supprimant les « centres d'intérêt » - grâce auxquels les clients de Facebook vous ciblent. On peut aussi refuser d'être ciblé par des pubs « en fonction de notre utilisation des sites web et des apps ». Vous verrez alors des pubs qui n'ont « pas rapport » avec vos intérêts. « Tout le débat est là, relève Benoît Gagnon, puisqu'il y a beaucoup de gens qui veulent voir de la pub qui leur correspond, sur des produits qui vont les intéresser. Pour beaucoup de gens, c'est de l'information pertinente à donner. »

NE PAS PUBLIER TROP DE PHOTOS

Les photos que l'on prend avec notre téléphone intelligent contiennent notamment nos données de géolocalisation, rappelle Benoît Gagnon. Et Facebook va les lire. Si on publie 10 photos par semaine pendant quatre ans, l'entreprise va savoir ce que les gens font, où et comment. Évidemment, ça vaut pour l'application d'Instagram (propriété de Facebook). Y a-t-il un danger à publier nos photos sur Instagram ? « C'est sûr que plus il y a de photos, plus c'est facile de faire des recoupements sur qui vous êtes, où vous demeurez et ce que vous faites », nous dit l'expert en sécurité.