Certains anciens amis de Facebook commencent à exprimer des réserves importantes face au réseau social qu'ils ont aidé à mettre au monde.

Facebook exploite une «vulnérabilité de la psychologie humaine» pour développer la dépendance de ses utilisateurs, a déclaré le mois dernier le premier président de la compagnie, Sean Parker.

Un ancien vice-président qui s'est joint à Facebook en 2007, Chamath Palihapitiya, a lancé lors d'une récente conférence à l'université Stanford que la compagnie «déchire le tissu social du fonctionnement de la société».

Roger McNamee, un investisseur en capital risque et un des premiers investisseurs de Facebook et Google, a publié en août dans les pages du USA Today une lettre ouverte dans laquelle il prévient que les deux compagnies «menacent la santé publique et la démocratie».

L'année a été difficile pour les entreprises technologiques, et surtout pour les réseaux sociaux. Il a été question de «fausses nouvelles», de filtres qui peuvent empêcher les gens de voir des opinions contraires aux leurs, de harcèlement en ligne et d'agents russes qui auraient utilisé les plateformes sociales pour influencer l'élection présidentielle de 2016.

Sans mentionner, évidemment, le tsunami de gazouillis du président Donald Trump, qui utilise Twitter pour encenser ses alliés et matraquer ses adversaires, souvent avec un langage inflammatoire.

Au début du mois de novembre, M. Parker a déclaré au site de nouvelles Axios que Facebook a vu le jour pour répondre à une seule question: «Comment pouvons-nous accaparer autant de votre temps et de votre attention que possible ?» Il estime que son avalanche de commentaires, «j'aime» et réactions est «une boucle d'asservissement de validation sociale qui exploite le fonctionnement du cerveau humain».

Quelques jours plus tard, M. McNamee écrivait dans les pages du quotidien britannique The Guardian que Facebook et Google ont combiné «les techniques de persuasion mises au point par les propagandistes et l'industrie du jeu» aux technologies modernes pour maximiser leurs profits tout en moussant ces éléments qui stimulent la dépendance, comme la peur et la colère.

M. Palihapitiya a révélé qu'il porte une «culpabilité énorme» d'avoir aidé à créer des outils qui ont approfondi les divisions sociales. Il recommande à la population de prendre une pause des réseaux sociaux.

Réagissant par courriel, Facebook a assuré qu'elle «travaille fort pour s'améliorer» et rappelle qu'elle n'est plus la compagnie dont M. Palihapitiya est parti il y a six ans.

«Nous avons fait beaucoup de travail et de recherche avec des experts externes et des chercheurs pour comprendre l'impact de notre service sur le bien-être, et nous l'utilisons pour orienter le développement de nos produits, poursuit le communiqué de la compagnie. Nous sommes prêts à réduire notre rentabilité pour procéder aux bons investissements.»

Tous les investisseurs ne sont pas aussi impitoyables.

Le cofondateur de LinkedIn, Reid Hoffman, a admis en entrevue qu'il s'inquiète de voir les réseaux sociaux créer ce qu'il a appelé «une dépendance légère». Il rappelle toutefois que «ça a aussi été vrai de la télévision, ça a aussi été vrai du sucre».