À côté des starlettes comme Kim Kardashian, des mannequins ou des footballeurs, Instagram veut faire une place aux entrepreneurs dont certains ont vu leurs affaires décoller grâce à des photos largement partagées sur le service internet.

L'application mobile, qui revendique 700 millions d'utilisateurs dans le monde, selon les estimations du cabinet de recherche en marketing eMarketer, repose sur le partage de photos et de vidéos par une audience plutôt jeune, branchée et bien disposée vis-à-vis des marques.

«Nous avons déjà huit millions de comptes d'entreprises, la majorité sont des petites sociétés qui sont en pleine croissance dans le monde entier», explique à l'AFP Jim Squires, ancien directeur marketing, chargé désormais de développer l'activité d'Instagram pour les entreprises.

Le service de partage organise samedi son tout premier «Salon des Instapreneurs», au Carreau du Temple à Paris pour mettre en valeur ces entrepreneurs, dont beaucoup n'ont ni boutique, ni même un site internet, et qui lancent leur business sur Instagram.

Jim Squires se refuse à donner des statistiques pour la France, mais souligne que cet écosystème est particulièrement créatif et diversifié dans l'Hexagone.

Une cinquantaine de PME, de la vente de biscuits personnalisés aux sous-vêtements, en passant par les planches de surf, participent à ce salon, pour montrer comment elles ont utilisé Instagram comme tremplin.

Créé il y a cinq ans, Le Slip Français, une marque de sous-vêtements fabriqués en France va ainsi «faire près de 15 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année, ce qui est dingue, et Instagram et les réseaux sociaux y sont pour beaucoup», explique à l'AFP Guillaume Guilbaut, son fondateur.

La marque, qui mise sur un design actuel et un marketing franchouillard décalé alimente son compte Instagram avec de nouveaux clichés quasi quotidiens de ses produits, et des «stories» des publications éphémères destinées à maintenir l'intérêt de son audience.

Pour Thomas Cercevik, cofondateur de la marque de maroquinerie RSVP Paris, être sur Instagram, c'est comme «avoir une boutique de Pékin jusqu'à la Cinquième avenue». Quelques photos reprises par des «instagrammeuses» influentes dans la mode lui ont fait gagner une clientèle asiatique qu'il n'aurait pas rêvé d'atteindre autrement.

Rentabilité au bout d'un an

Le fabricant de papier peint Papermint affirme être rentable au bout d'à peine un an d'activité. «80% de nos clients sont issus de la communauté Instagram, ça dépasse notre propre imagination», concède à l'AFP Jean-Marc Bruel, cofondateur de la marque.

Instagram ne communique pas en revanche sur le taux d'échec de ses entrepreneurs qui n'ont pas tous la chance de convaincre les «influenceurs» qui peuvent propulser une marque inconnue vers la gloire.

Si Instagram fournit aux entreprises la possibilité de créer gratuitement un compte, de communiquer avec leur communauté et de connaître leur audience, il faudra cependant qu'ils payent pour entretenir leur notoriété grâce à la publicité.

L'application de partage rachetée par Facebook a commencé il y a un an à diffuser de la publicité et compte déjà un million d'annonceurs, tous secteurs confondus.

Il faut dire que son audience est plutôt bienveillante envers les marques alors que 80% des utilisateurs suivent des comptes d'entreprises: une attitude encouragée par des publicités moins intrusives qu'ailleurs sur internet puisqu'elles sont ciblées pour correspondre aux goûts et aux profils des utilisateurs grâce à la richesse des données récoltées par Instagram.

«La combinaison de produits intéressants et d'un marketing très finement ciblé en fonction des intérêts des utilisateurs fait que les publicités visionnées sont natives et font partie intégrante de l'expérience», souligne Jim Squires.

Même si Instagram, en tant qu'application fermée, ne craint pas l'effet des bloqueurs de publicité, il veille quand même à conserver un équilibre avec les contenus non publicitaires, note-t-il.

À l'avenir, Instagram veut encourager les entreprises à publier toujours plus de contenus créatifs avec de nouveaux outils, promouvoir «un parcours de shopping» et la possibilité par exemple de prendre un rendez-vous pour un service.