Parmi les avis de recherches qui circulaient sur les réseaux sociaux après l'attentat de Manchester lundi, de nombreux faux ont été relayés, des inventions d'internautes «en quête d'attention», selon Nicolas Vanderbiest, spécialiste des polémiques sur internet.

«Ce sont des phénomènes qui sont devenus plus ou moins habituels après les attentats», estime ce chercheur à l'Université catholique de Louvain, rappelant qu'après les attaques de Paris en novembre 2015, de nombreux faux avaient aussi circulé via le hashtag #RechercheParis.

Quelques heures après l'attentat qui a fait 22 morts et 59 blessés à la sortie d'une immense salle de concert de Manchester, les internautes ont commencé à relayer des portraits de personnes disparues, des avis de recherche lancés par des amis ou de la famille.

Plusieurs versions d'une mosaïque de portraits ont alors commencé à circuler sur Twitter et Facebook, relayées par certains médias (Dailymail online ou Fox News) et mélangeant des vraies photos de personnes recherchées et des portraits qui n'avaient rien à voir comme celui du créateur du sulfureux forum 4chan Chris Poole selon une capture d'écran de Buzzfeed.

Dans cette mosaïque très partagée, une Australienne a notamment reconnu une photo de sa fille, qui n'habite donc pas au Royaume-Uni, une autre a reconnu sa fille assassinée en 2013. La photo d'un petit garçon a également été identifiée comme venant d'une campagne de publicité.

Les photos de plusieurs personnalités d'internet ont également circulé, notamment celle particulièrement virale de «Report of the week» (partagée 21 000 fois), diffusée par un internaute se faisant passer pour le père de ce youtubeur connu en demandant de l'aide pour le retrouver.

Le jeune homme a répondu dans une vidéo qu'il était en bonne santé et avait été victime de «trolls» qui «essaient de tromper les gens avec de fausses informations pour s'amuser».

La photo d'une journaliste mexicaine, Andrea Noel, a également circulé, cette dernière expliquant sur Twitter être victime de «trolls anti-féministes».

Pour Nicolas Vanderbiest, la motivation de ces «trolls» relève principalement de la quête d'attention.

«Ce sont des tweets qui génèrent beaucoup de retweets. Ce sont des gens qui recherchent de l'attention, qui veulent être "partagés", "likés", veulent gagner des followers», estime-t-il.

Un autre type de motivation selon lui est également de piéger les médias en «faisant la preuve que la presse fait mal son boulot et relaie des informations mal vérifiées».

S'il ne pense pas qu'on puisse lutter contre ce phénomène, il préconise de ne pas donner de visibilité aux «trolls».

«Moins on leur porte d'attention, mieux ce sera. Leur donner de la visibilité ne sert à rien, car contrairement aux "fake news" qui peuvent avoir un impact sur l'opinion publique et doivent être dénoncées, exposer ces faux est contre-productif», juge-t-il, préconisant le recours à des plateformes de fact-checking du type CrossCheck ou Full Fact.