Les BlackBerry sont morts, vive les BlackBerry. C'est, en gros, la stratégie présentée lundi soir par l'entreprise chinoise TCL Communication Technology (TCT), qui compte donner une deuxième vie à la marque canadienne.

En deux ou trois ans, TCT a réussi à faire passer une autre de ses marques, Alcatel, de totale inconnue à quatrième fabricante de téléphones intelligents en importance aux États-Unis, derrière Apple, Samsung et LG. Un succès impressionnant qui laisse néanmoins l'entreprise au pied d'une montagne en apparence inapprochable.

« Comment concurrencer Apple et Samsung ? », demandait de façon rhétorique Steve Cistulli, président et directeur général pour l'Amérique du Nord de TCT, lors d'un point de presse organisé en marge du Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, lundi soir.

« Il y a quelques façons. Deux d'entre elles sont de prendre beaucoup de temps ou beaucoup d'argent. Nous avons choisi un nouveau modèle d'affaires, qui est de nous associer à des marques qui sont déjà positionnées dans le créneau haut de gamme. »

BlackBerry ayant déjà annoncé son intention de cesser de produire ses propres appareils, TCT a sauté sur l'occasion pour conclure avec elle une entente qui lui permettra de vendre des appareils utilisant sa marque presque partout dans le monde.

Priorité aux entreprises

M. Cistulli et ses comparses ne sont pas dupes. Ils savent très bien que les ventes de BlackBerry chutent continuellement depuis déjà quelques années.

« Notre priorité pour 2017 sera de mettre fin à cette diminution en nous concentrant sur les gouvernements et les secteurs des finances et de la santé. »

TCT récupérera à cet effet une partie de la force de vente de BlackBerry consacrée au marché des entreprises. Le principal argument restera le même que celui utilisé par BlackBerry elle-même depuis déjà un certain temps : la sécurité.

Pourquoi donc les entreprises, qui sont de plus en plus nombreuses à choisir Apple et Samsung, décideraient-elles soudainement de revenir à des produits portant la marque BlackBerry ?

« Quand on est dans la vente depuis quelques décennies, comme je le suis, on constate que c'est d'abord une question de confiance, répond M. Cistulli. Dans ce cas-ci, de confiance qu'il y a un avenir pour le produit et que le fournisseur a les capacités de production nécessaires pour répondre à la demande. Je peux m'appuyer sur notre parcours récent avec Alcatel pour démontrer que nous sommes sérieux. »

Si 2017 permet bel et bien à TCT de juguler l'hémorragie des ventes d'appareils BlackBerry, celle-ci pourra « passer à la prochaine étape » et viser directement les consommateurs, estime M. Cistulli.

Sécurité canadienne

TCT étant une entreprise chinoise, il pourrait ne pas être évident pour elle de convaincre des entreprises et des gouvernements occidentaux de lui faire confiance en matière de sécurité. C'est pourquoi le partenariat signé avec BlackBerry prévoit que c'est l'entreprise canadienne qui est responsable de tous les éléments liés à la sécurité, a expliqué le chef de la recherche et du développement de TCT, Alain Lejeune.

Les logiciels qui seront installés dans chaque nouvel appareil seront compilés au Canada et expédiés en Chine, là où seront fabriqués les appareils, selon un procédé déjà utilisé par BlackBerry et qui assure qu'ils n'ont pas été modifiés.

Les nouveaux BlackBerry utiliseront le système d'exploitation Android. L'entreprise a dévoilé lundi une courte vidéo donnant un aperçu de son premier modèle, qui sera officiellement dévoilé au Mobile World Congress, un événement qui débutera le 27 février prochain, à Barcelone.

On y voit sans surprise qu'il comportera un clavier physique. Un prototype montré aux journalistes à Las Vegas comptait aussi un lecteur d'empreintes digitales au milieu de la barre d'espace, tandis que son clavier pouvait être utilisé comme un pavé tactile quand on glissait les doigts sur les touches.