À Paris, il y a longtemps que les entreprises de voitures de transport ou de tourisme avec chauffeur (les VTC) font compétition aux quelque 20 000 taxis en circulation. Uber est un acteur parmi tant d'autres et ses concurrents l'ont même traîné devant les tribunaux. État des lieux.

«De la concurrence déloyale», lance Karim, alors que son taxi contourne la place de la République avant le coup de minuit.

À Paris, comme à Montréal, les taxis Uber suscitent la grogne chez les chauffeurs traditionnels syndiqués, mais également chez les autres entreprises dites de VTC, soit de voitures de transport ou de tourisme avec chauffeur.

C'est même la guerre entre Uber et les différents services de VTC, dont LeCab. Il y a moins de trois semaines, ces derniers ont traîné Uber devant les tribunaux, main dans la main avec la chambre syndicale des artisans du taxi.

Ils contestent le service «low-cost» UberPOP. «C'est interdit en France pour les VTC d'appliquer un tarif au kilomètre. Le VTC doit offrir un forfait», indique le président du syndicat, Christian Delomel.

De son côté, le patron d'Uber France, Thibaud Simphal, affirme qu'UberPOP vise à «aider de simples propriétaires à amortir le coût d'achat et d'entretien de leur véhicule».

Mis à l'amende

En octobre dernier, le tribunal correctionnel de Paris a collé une amende de 100 000 euros (142 000 $) à Uber pour s'être présenté comme un service du covoiturage. En France, la start-up offre plusieurs catégories de services, dont UberX et Uber Berline.

Un mois plus tôt, un amendement de la loi a réservé aux taxis le droit de conduire un client sans réservation préalable, les VTC devant se contenter du marché des transports fixés à l'avance.

Or, la loi peut être contournée, déplore-t-on, puisque l'amendement n'oblige les chauffeurs de VTC qu'à revenir dans un lieu «où le stationnement est autorisé» à tous.

Le privilège de maraude, comme on dit ici, est réservé aux taxis. «Mais ils font du racolage, dénonce Karim. Ils attendent à l'intérieur de l'aéroport aux arrivées et ils proposent le service aux gens avec un prix unique. Nous, on attend parfois deux heures. C'est déloyal!

«Pour quelque chose comme 130 euros (près de 185 $), ils ont une autorisation, s'indigne Karim. Or, une licence de taxi est de 240 000 euros (335 000 $). Moi je la loue 110 euros (environ 153 $) par jour. Ce n'est pas facile...»

Karim n'a pas été tenté par Uber pour autant. L'ancien ambulancier a le taxi gravé sur le coeur.

Un manque de taxis à Paris?

Uber met en relation des chauffeurs et des particuliers, grâce à une application mobile. À Paris, le service connaît beaucoup de succès car l'attente est parfois interminable pour avoir un taxi. Uber nous a même été recommandé par un représentant de la Délégation du Québec à Paris. Et n'allez pas dire à un chauffeur syndiqué qu'il manque de taxis car il vous reprendra sur-le-champ.

«À certaines périodes difficiles, c'est difficile d'obtenir un taxi, convient Christian Delomel. Mais quelle capitale n'est pas embouteillée le matin et le soir?»

Semblable à New York, la flotte de taxi parisienne compte près de 20 000 voitures.

Ne devient pas chauffeur de taxi officiel qui veut. «Il faut un diplôme national et une carte professionnelle régionale après huit semaines de formation professionnelle dans des écoles de taxi. Le diplôme est validé par la préfecture de police. Il faut un casier judiciaire vierge», explique Christian Delomel.

«Concurrence déloyale», lance-t-il, lorsqu'on le questionne sur les VTC. «Dans toute entreprise, il faut être assujetti aux mêmes règles et aux mêmes charges. Les VTC ont des statuts d'auto-entrepreneurs. Ils paient 27 % de charges sociales [impôts], or l'artisan-taxi en paie 47 %.»