En incluant une solution de paiement mobile avec son nouvel iPhone et sa montre intelligente, Apple réussira-t-elle enfin à attirer le grand public vers cette technologie?

Ni l'iPod, ni l'iPhone, ni l'iPad n'ont été les premiers produits à être lancés dans leur catégorie respective. Mais dans chaque cas, il a fallu la combinaison de technologie et de facilité d'utilisation propre à Apple pour faire des lecteurs musicaux numériques, des téléphones intelligents et des tablettes des produits grand public.

C'est exactement ce que plusieurs acteurs et observateurs de l'industrie du paiement mobile s'attendent à voir survenir à compter de demain, si Apple annonce comme prévu que ses nouveaux appareils sont capables de paiements électroniques par le biais de la technologie NFC (Near Field Communication).

«Quand Apple va mettre la technologie NFC dans l'iPhone, ça va donner un gros coup, parce que contrairement à d'autres, Apple ne fait jamais rien sans qu'il y ait un plan d'affaires derrière», estime Maxime de Nanclas, cofondateur de l'entreprise Mobeewave, qui se spécialise justement dans le paiement mobile sans contact.

«Apple a le don d'adopter une technologie au bon moment», note pour sa part Nicolas Guay, directeur principal de la division monétique chez Acceo Solutions. «Dans ce cas, ils ne seraient assurément pas des early adopters, mais ils débarqueraient dans un marché qui arrive à maturité, surtout au Canada.»

La technologie du paiement mobile est en effet assez répandue au Canada, comme en a encore témoigné la semaine dernière le lancement par Desjardins de sa solution à cette fin.

«Comparativement aux États-Unis, où c'est très peu déployé, c'est vraiment favorable au Canada», soutient M. Guay.

Reste à voir si Apple bénéficiera de cet avancement en déployant un système compatible ou si elle tentera d'établir ses propres normes.

«Apple étant Apple, on ne sait pas s'ils vont jouer avec les autres, essayer de faire différemment ou les deux, rappelle M. Guay. S'ils arrivent avec une technologie compatible, ça va donner un gros oumph.»

Selon M. de Nanclas, c'est l'obsession d'Apple pour le contrôle complet de son écosystème qui explique son arrivée tardive sur le marché. De récents changements dans le décor du paiement mobile ont toutefois entrouvert la porte à la Pomme.

«La technologie HCE [Host Card Emulation] va permettre à Apple de plonger sans devoir signer un paquet de partenariats, résume M. de Nanclas. Ça existe depuis deux ou trois ans, mais ça a vraiment décollé il y a quelques mois quand Visa et MasterCard ont embarqué.»

Biométrie

Selon toute vraisemblance, Apple fera appel à sa technologie de reconnaissance d'empreinte digitale TouchID en combinaison avec sa solution de paiement. Lancée avec l'iPhone 5S l'an dernier, TouchID ne sert pour le moment qu'à déverrouiller l'appareil ou à procéder à des achats sur les boutiques en ligne d'Apple.

«Présentement, avec le paiement sans contact, il n'y a pas de bonne façon de s'assurer que c'est la bonne personne qui utilise la carte, souligne M. Guay. Si Apple réussit à exploiter TouchID, ils vont se démarquer.»

Selon le blogue spécialisé Bank Innovation, Apple aurait également réussi à obtenir d'institutions financières américaines telles qu'American Express, JPMorgan Chase, Citigroup, Capital One et Bank of America des frais de transaction avantageux. Le niveau de sécurité additionnel procuré par TouchID serait l'un des facteurs expliquant cette réduction des tarifs.

«S'ils ont réussi à transformer cet élément de sécurité en frais réduits, ils sont intelligents», juge M. Guay.