Facebook, en pleine offensive dans le mobile, a présenté mercredi de nouveaux outils publicitaires ou améliorant la confidentialité des données de ses membres, susceptibles de l'imposer dans l'univers en expansion des applications pour téléphones intelligents.

Le premier réseau social mondial sur internet veut introduire un mode de connexion «anonyme», permettant d'utiliser des applications mobiles avec ses identifiants Facebook sans les laisser accéder à des informations personnelles, a-t-il annoncé à l'occasion d'une conférence pour des développeurs organisée à San Francisco.

Le réseau estime que ses membres ont utilisé plus de 10 milliards de fois l'an dernier une fonctionnalité permettant d'utiliser ses identifiants Facebook pour accéder à des sites internet ou des applications pour téléphones intelligents.

Cela évite d'avoir à se souvenir de plusieurs identifiants et mots de passe différents, mais entraîne le partage de données collectées par Facebook avec ces applications.

Créer la confiance pour accroître l'usage

Le futur mode de connexion «anonyme», testé avec quelques développeurs et devant s'étendre «dans les mois à venir», permettra «d'essayer une application sans partager ses informations personnelles stockées sur Facebook», a expliqué le réseau sur son site internet.

Cela constitue un revirement par rapport au principe d'identité unique en ligne prêché jusqu'ici par le patron-fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg.

«En donnant aux gens plus de pouvoir et de contrôle, ils feront davantage confiance aux applications que nous construisons et au fil du temps les utiliseront davantage», a justifié Mark Zuckerberg mercredi devant les quelque 1.700 personnes assistant à la conférence.

«Ils voient que les gens sont effrayés. Ils réalisent qu'à long terme, il faut qu'on leur fasse confiance», a commenté l'un des participants à la conférence, Gregg Spiridellis. Celui-ci dirige la société JibJab, conceptrice d'une application de cartes de voeux électroniques qui se synchronise avec Facebook.

Le réseau social a présenté mercredi d'autres outils censés donner à l'avenir à ses utilisateurs davantage de contrôle sur le partage de leurs données.

Une fonctionnalité qui commencera à être déployée dans les prochains mois permettra, par exemple, de choisir en quelques clics quels types d'information on accepte de partager avec une application synchronisée avec Facebook, par exemple son adresse de courriel mais pas sa date d'anniversaire. Les applications ne pourront pas non plus faire de publication sur le profil Facebook d'un utilisateur sans son autorisation.

Facebook annonce en outre pour «les prochaines semaines» un nouveau tableau de bord récapitulant toutes les applications mobiles reliées au profil d'un membre du réseau et permettant de gérer les données auxquelles elles accèdent, voire les retirer complètement.

Réseau publicitaire 

Avec ces nouveaux outils de confidentialité, le réseau aux 1,28 milliard de membres se donne des chances supplémentaires de s'imposer comme une porte d'entrée universelle pour le monde des applications mobiles, qui constituent un mode d'accès à internet de plus en plus populaire avec l'essor des connexions mobiles depuis un téléphone intelligent.

Il a aussi présenté un nouveau bouton «J'aime» spécialement conçu pour les applications mobiles, et surtout un très attendu nouveau réseau pour les annonceurs, qui devrait lui permettre de rivaliser encore davantage avec Google sur le marché en croissance de la publicité mobile.

Facebook utilise déjà les informations publiques fournies par ses utilisateurs pour personnaliser les publicités qu'il leur sert sur son réseau, ce qu'apprécient les annonceurs: ses recettes publicitaires affichaient au premier trimestre une croissance de 82% sur un an, à 2,27 milliards de dollars.

Il entend désormais étendre ce savoir-faire à des publicités diffusées dans des applications mobiles synchronisées avec des comptes Facebook, grâce à un nouveau réseau publicitaire (Facebook Audience Network).

Les tests concernent pour l'instant des publicités proposant d'installer des applications, mais Facebook dit vouloir étendre ensuite le réseau à d'autres types d'annonces.

Le marché mondial de la publicité mobile a doublé l'an dernier à 17,96 milliards de dollars, et devrait encore progresser de 75,1% cette année, selon le cabinet eMarketer. Facebook s'en était adjugé 17,53% en 2013, contre 49,3% pour Google, et eMarketer estime qu'il «volera davantage de parts de marché à Google cette année» pour grimper à 21,67%, contre 46,78% pour le géant internet.