Les opérateurs de téléphonie mobile américains ont fourni en 2012 plus d'un million de données à la justice dans le cadre de mandats, mises sur écoute ou demandes de géolocalisation, selon des documents rendus publics lundi par un sénateur.

Ces pièces ne disent pas précisément quelles informations ont été fournies à l'Agence nationale de sécurité (NSA), ces données étant classifiées. Mais l'Union américaine de défense des libertés civiles (ACLU) souligne que ce chiffre met en lumière de nombreuses inquiétudes concernant la vie privée des propriétaires de téléphones portables.

Les documents rendus publics par le sénateur démocrate du Massachusetts Edward Markey montrent par exemple que les opérateurs AT&T et T-Mobile ont chacun fourni des données dans 297 000 dossiers, et Verizon dans plus de 270 000.

«Soyez-en sûrs, la police voit nos appareils mobiles comme une excellente source d'informations, notamment en raison du manque de protection de la vie privée que fournit la loi», a déclaré Christopher Calabrese, de l'ACLU.

«Nos appareils mobiles stockent littéralement nos pensées les plus intimes et des détails de nos vies personnelles. L'idée que la police puisse obtenir un tel trésor d'informations à propos de qui que ce soit sans contrôle judiciaire approprié fait froid dans le dos», a-t-il ajouté.

Parmi les sollicitations reçues par les opérateurs, de nombreuses concernent des demandes de géolocalisation: les opérateurs savent si un téléphone portable, et donc vraisemblablement son propriétaire, sont à proximité d'une antenne-relais par exemple et ils peuvent ainsi fournir des informations à ce sujet aux autorités.

Cependant, ces services ne sont pas gratuits et les opérateurs facturent chaque demande: AT&T a ainsi reçu 10 millions de dollars en 2012 pour ces coups de main à la justice, et la compagnie emploie 100 personnes à temps plein pour gérer ces demandes des autorités. T-Mobile a été payé 11 millions de dollars et Verizon un peu moins de 5 millions de dollars.

Selon M. Calabrese, ces nouvelles révélations mettent en lumière le besoin de réformes «qui mettraient à jour des lois obsolètes sur la protection de la vie privée et renforcerait la nécessité d'avoir un mandat avant d'obtenir de tels renseignements».

Depuis plusieurs mois la NSA est montrée du doigt pour ses programmes d'écoute dans et hors des États-Unis, un scandale qui a éclaté avec les révélations de l'ancien consultant Edward Snowden.