La téléphonie de quatrième génération (4G), dont il sera beaucoup question lors du salon de la téléphonie mobile de Barcelone, devrait prendre son essor en 2012 dans le monde, poussée par la demande croissante de bande passante des utilisateurs de téléphones multifonctions.

Le trafic de données sur mobile, poussé par la popularité exponentielle des iPad et autres BlackBerry, devrait être multiplié par 33 entre 2010 et 2020, indique le cabinet Digiworld Institute, à quelques jours de l'ouverture, lundi, de la principale manifestation mondiale du secteur.

Une explosion que les actuels réseaux 2G et 3G ne pourront pas supporter.

«L'enjeu est d'absorber une quantité de +data+ plus importante, avec la saturation des réseaux 3G», estime Thomas Husson, du cabinet Forrester.

La 4G, aussi connue sous le sigle LTE, va permettre d'avoir depuis son mobile un débit équivalent à celui dont un foyer dispose actuellement depuis sa ligne fixe internet très haut débit.

Le Digiworld Institute prévoit ainsi qu'en 2016, 830 millions d'abonnés dans le monde auront accès à la téléphonie mobile de quatrième génération.

A la fin de l'année 2011, 37 opérateurs avaient lancé leurs services 4G et 250 autres ont annoncé publiquement qu'ils y travaillaient.

En septembre, il n'y avait toutefois que cinq millions d'abonnés 4G dans le monde, dont 3,1 millions chez l'opérateur américain Verizon Wireless. Le reste des clients se trouvaient au Japon, en Corée du Sud et en Suède.

Les enchères pour les fréquences nécessaires à la 4G n'ont eu lieu que l'an dernier en Espagne, en Suède, en France et en Italie. En Grande-Bretagne, elles ont été repoussées à la fin de cette année.

Il faut maintenant déployer le réseau, ce qui représente des investissements extrêmement importants, explique le directeur du bureau des radiocommunication de l'Union internationales des télécommunications, François Rancy.

«L'Europe a un problème de masse critique. On est trop petits, pays par pays, pour que les opérateurs supportent les investissements que représente l'extension du réseau de cette nouvelle technologie», estime Gilles Blanc, directeur d'études chez Benchmark Group.

Ce qui, selon certains analystes, devrait pousser les opérateurs au partage de réseau ou au coinvestissement.

Harmonisation

Mais au-delà de la simple dépense des opérateurs, d'autres briques doivent encore être mises en place, cette nouvelle technologie imposant notamment que le consommateur change de téléphone.

Bien que le Suédois TeliaSonera ait été le premier opérateur au monde à se lancer dans les réseaux 4G, il n'a aujourd'hui que 200 000 abonnés, «les téléphones compatibles n'étant pas largement accessibles dans le pays», selon Digiworld.

Cet obstacle devrait peu à peu tomber: près de 200 «smartphones», tablettes et appareils permettant de faire communiquer les machines entre elles (M2 m), tous compatibles avec la 4G, ont été présentés en 2011. Le lancement de nombreux autres est attendu lors du salon de Barcelone.

De plus, selon le Digiworld Institute, «d'ici la fin 2014, tous les appareils 4G seront également compatibles avec la 3G et même la 2G», pour pouvoir naviguer sur plusieurs réseaux.

La mise au point de téléphones 4G pouvant fonctionner dans plusieurs pays à la fois - en itinérance (ou «roaming») -- présente aussi un autre problème en raison de la fragmentation du spectre utilisé par cette nouvelle technologie: 13 bandes de fréquences sont aujourd'hui utilisées ou prévues pour l'utilisation de la 4G dans le monde, ce qui impose aux fabricants de téléphones de répondre aux contraintes de chaque pays.

«La prochaine étape devra être une harmonisation régionale des bandes de fréquences pour que le +roaming+ ne devienne pas un casse-tête», estime le Digiworld Institute.

Le principe de cette harmonisation a été décidé lors de la Conférence mondiale des radiocommunications 2012 qui s'est achevée la semaine dernière, a souligné M. Rancy.