L'acquisition de Motorola Mobility par Google a comme trame de fond une guerre de brevets, que Google livre depuis quelques mois déjà contre Apple, Microsoft, Oracle et d'autres encore. Le géant de Mountain View vient-il d'acheter la paix pour 12,5 milliards de dollars?

Si les experts en technologie se questionnent sur les répercussions de cette acquisition du côté des partenariats entre Google, HTC, LG, Samsung et Sony Ericsson, pour ne nommer que ceux-là, les experts en matière légale pensent que ça pourrait calmer le jeu sur un front autrement plus pressant pour Google: celui du développement de sa propre plateforme mobile, fut-elle exclusivement logicielle ou, comme elle pourrait le devenir à travers sa future nouvelle filiale, également matérielle.

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Depuis quelques mois, le système Android est au coeur de nombreuses luttes judiciaires. Google cite Apple, Microsoft et Oracle comme empêcheurs de tourner en rond, utilisant leurs propres brevets afin de bloquer la vente de produits Android, ou carrément, afin d'en soutirer une lucrative licence.

Avec ses quelque 17 000 brevets et ses 7500 autres technologies en instance d'approbation, Motorola possède sans doute la propriété intellectuelle sur des technologies utilisées par les rivaux de Google, estiment deux experts juristes montréalais, incluant Anthony Hémond, expert des télécommunications pour l'Union des consommateurs.

«C'est comme une course à l'armement nucléaire, sauf que là, c'est la course au plus gros portefeuille de brevets», illustre-t-il, expliquant que dans les coulisses du secteur technologique, les sociétés s'échangent couramment des licences d'utilisation, à condition de posséder un levier suffisant pour négocier de tels arrangements.

Avec les mille brevets récupérés d'IBM plus tôt cette année et l'acquisition de Motorola Mobility, Google renforce ainsi son poids dans ce créneau, et espère probablement rassurer les 38 fabricants d'appareils utilisant Android qui ne sont pas Motorola que ce système est à l'épreuve de la concurrence du côté légal aussi.

Les experts juristes consultés voient d'un bon oeil cette stratégie, estimant que ça risque fort de calmer ce qui, sinon, aurait pu prendre des airs de véritable guerre ouverte de brevets de plus en plus ciblée contre Android et Google, acteurs de plus en plus imposants dans le marché de la téléphonie mobile.