Face aux tergiversations du gouvernement, le premier opérateur de téléphonie mobile en Irak affirme qu'il est urgent et de l'intérêt de tous que le pays passe «immédiatement» à la troisième génération (3G), pour ne pas rater le train des innovations technologiques.

Directeur général de la filiale irakienne du groupe koweïtien Zain, Imad Makiya demande des licences 3G pour tous les opérateurs du pays, alors que le ministre des Communications indiquait le mois dernier que Bagdad n'avait toujours pas arrêté sa stratégie pour dépasser la deuxième génération (2G).

«C'est dans leur intérêt, dans l'intérêt du pays, de la population, du gouvernement et des opérateurs de passer immédiatement à la 3G, sans hésitation», a affirmé M. Makiya dans un entretien à l'AFP.

«Qu'ils laissent les opérateurs travailler, innover et améliorer la qualité des services!»

L'Irak demeure à la deuxième génération de téléphonie mobile qui permet essentiellement les appels téléphoniques et la messagerie. La troisième génération autorise de meilleurs débits et la transmission de données «lourdes», comme internet, la télévision, la visiophonie ou le téléchargement de musique.

La 3G a été adoptée par la plupart des pays occidentaux et de nombreux pays d'Asie et du Proche-Orient, et certains sont d'ores et déjà passés à la 4G, qui permet le téléchargement de données encore plus lourdes ainsi que la vidéo à la demande.

Pour M. Makiya, l'État trouverait aussi son compte dans une évolution rapide vers la 3G, car les contrats avec les opérateurs prévoient un partage des bénéfices.

«En 2010, nous avons versé environ 350 millions de dollars à l'État, au titre du partage des bénéfices, des impôts et autres», a déclaré M. Makiya. «Si nous étions à la 3G, nous aurions payé encore plus.»

Pour l'heure, le gouvernement mène des consultations sur la façon d'évoluer vers la 3G, tout en s'interrogeant sur la possibilité d'avancer vers la 4G.

«Beaucoup de facteurs doivent être pris en considération», indiquait le mois dernier à Bagdad le ministre des Communications, Mohammad Toufic Allawi, citant notamment la différence entre les infrastructures nécessaires à la mise en oeuvre de réseaux 3G et 4G.

«Nous n'avons encore rien décidé car nous souhaitons faire le bon choix.»

Pour M. Makiya, Bagdad ne fait que creuser son retard technologique.

«Nous sommes à la 2G, alors que tous les voisins opèrent en 3G, et certains même en 4G», a-t-il dit. «Qu'attendons nous? Que la 3G devienne complètement obsolète?"

Il a d'ailleurs noté que la 3G commençait déjà à être dépassée et que le coût des futures licences devrait être modéré, de l'ordre de «quelques millions de dollars».

Le taux de pénétration du mobile est actuellement de l'ordre de 70% en Irak, et le marché se partage entre trois opérateurs. Avec environ 12 millions de clients, Zain devance actuellement ses concurrents Asiacell et Korek, essentiellement aux mains des Irakiens et des Kurdes irakiens.

Le réseau est cependant souvent très perturbé et les communications très mauvaises, notamment en raison du manque d'antennes-relais y compris dans la capitale irakienne, et les opérateurs ont même été condamnés à des amendes par le gouvernement en 2009.

Un petit groupe de clients de Zain excédé par la piètre qualité des services a même récemment lancé sur internet un mot d'ordre pour une journée de boycottage général de l'opérateur le 21 mai.

Mais M. Makiya assure que cette campagne n'est portée que par une «fraction» de ses clients, et soutient que le nombre de plaintes s'est effondré ces dernières années.

«Sans nous vanter, nous avons effectué de remarquables améliorations en ce qui concerne les réseaux», a-t-il dit. «La qualité de la couverture a été améliorée, et la perception du public a changé.»