Des millions d'Américains et d'Européens utilisent ces services pour écouter de la musique à partir de leur téléphone portable. Pour un coût mensuel s'élevant de 0 $ à 15 $ (selon l'ajout ou non de publicité au service), les utilisateurs choisissent parmi des millions de chansons, inscrivent le nom de la pièce et l'écoutent, à n'importe quel endroit où leur téléphone capte un signal cellulaire.

Au Canada, l'idée a cependant de la difficulté à prendre son élan, et l'un des joueurs les plus importants de l'industrie croit que les droits d'auteurs exigés par les principales compagnies de disque sont à blâmer.

Dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne, le fondateur de Pandora, Tim Westergren, a qualifié ces frais d'«astronomiques», précisant que «tant que les sociétés de droits d'auteur prendront cette approche, elles empêcheront Pandora d'être lancé au Canada».

Ré:Sonne, l'agence qui perçoit les droits d'auteur musicaux au Canada au nom des compagnies de disques et des artistes, a déposé une requête auprès des autorités fédérales. À compter de la prochaine année, elle veut demander aux sites musicaux diffusant sur les appareils mobiles le plus élevé de deux montants: 45% des revenus bruts du site au Canada ou 7,5 dixièmes de cent pour chaque chanson diffusée.

Ce montant s'ajoute aux autres droits que les services musicaux doivent payer à la SOCAN, une autre agence représentant les auteurs, compositeurs et éditeurs.

La proposition, qui nécessite l'approbation de la Commission du droit d'auteur, a poussé Pandora à abandonner tout projet à court terme de s'établir au Canada. Les Canadiens visitant le site de l'entreprise obtiennent un message leur indiquant qu'ils ne peuvent s'inscrire au service.

«La radio diffusée sur bandes AM/FM au Canada paie un taux de 2,1% de son revenu, écrit M. Westergren. En d'autres termes, les compagnies de disque canadiennes demandent qu'une radio diffusée sur téléphone mobile par le biais d'Internet débourse plus de 20 fois ce que paie la radio AM/FM.»

Bien que Pandora tourne le dos au marché canadien, d'autres services sont prêts à y mettre le prix.

«Je ne crois pas que cela nous retiendrait. Cela nous obligerait seulement à augmenter nos prix», a avancé le pdg de MOG, David Hyman.

«Le consommateur en souffrirait. Il y aurait moins de clients parce que les prix seraient plus élevés. Mais cela n'est pas surprenant, vous savez. C'est l'industrie de la musique. Elle demande trop cher pour tout.»

MOG prévoit lancer son service au Canada dans un avenir rapproché, mais l'entreprise ne se précipite pas au pays en raison de sa population peu élevée. «Il y a beaucoup de travail d'ingénierie supplémentaires nécessaire (...) donc nous allons plutôt (d'abord) dans un autre grand pays européen», a expliqué M. Hyman.

Un service existe toutefois déjà au Canada. Rdio a été lancé au cours de l'été, offrant un catalogue limité, mais dont la sélection va en augmentant, et son pdg, Drew Larner, est satisfait des résultats jusqu'à maintenant. Rdio a conclu une entente avec la SOCAN et Ré:Sonne l'an dernier.

«Je crois qu'il y a de l'argent à faire au Canada. Il y a un intérêt pour ce genre de service, je présume, au Canada», a déclaré M. Larner depuis Los Angeles.