L'Inde a demandé mercredi au fabricant du BlackBerry et à tous les fournisseurs de services internet, dont Skype et Google, d'installer des serveurs locaux pour permettre aux services de renseignement d'avoir accès aux flux de communications.

Le secrétaire d'État à l'Intérieur, G.K. Pillai, a déclaré mercredi que «tous les fournisseurs de services de communications en Inde devraient avoir un serveur en Inde» pour aider à contrôler les données cryptées.

Le pays, en proie à des violences séparatistes au Cachemire et à une rébellion maoïste dans de nombreux États, est particulièrement attentif aux usages possibles des nouvelles technologies depuis qu'en novembre 2008, un commando d'islamistes les a employées pour coordonner des attentats à Bombay qui avaient fait 166 morts.

Le gouvernement a annoncé lundi avoir prolongé de 60 jours l'ultimatum donné au fabricant canadien du BlackBerry Research in Motion (RIM), qui expirait mardi, faisant état de progrès dans les négociations concernant l'accès aux données cryptées du téléphone multifonctions.

L'Inde a menacé de fermer des services de courriers électroniques d'entreprise et de messagerie instantanée.

Le délai accordé à RIM intervient après une proposition du fabricant de donner aux services de renseignement indiens un «accès légal» aux messages envoyés depuis le BlackBerry via un serveur installé dans le pays.

Le ministère de l'Intérieur teste actuellement la faisabilité de ce contrôle proposé par le fabricant qui a assuré ne pas avoir failli à son engagement public de ne pas accorder d'accords particuliers aux gouvernements pour donner accès aux flux de communications cryptés.

L'Inde, qui compte 1,1 million d'utilisateurs du BlackBerry, est un marché en pleine croissance pour RIM.

Skype et Google qui utilise une puissante technologie de cryptage pour son service de courrier électronique Gmail sont aussi dans le collimateur du gouvernement indien pour les mêmes raisons de sécurité.

Le géant finlandais de la téléphonie mobile Nokia a, lui, pris les devants, annonçant cette semaine qu'il installerait un serveur en Inde d'ici début novembre.

Mardi soir, le ministre indien de l'Intérieur, P. Chidambaram, a rappelé que l'Inde restait «ferme» sur sa demande d'accès aux données cryptées de BlackBerry.

«Toutes les inquiétudes en matière de sécurité (liées au BlackBerry) doivent être prises en considération», a-t-il dit en marge d'une rencontre économique.

«Notre position est ferme. Nous attendons d'avoir accès aux données», a déclaré le ministre. «Il n'y a aucune incertitude là-dessus», a-t-il martelé.