L'Inde demande aux opérateurs télécoms l'accès d'ici fin août aux données cryptées du BlackBerry sous peine de bloquer deux services du téléphone multimédia en raison de préoccupations sur la sécurité, a annoncé jeudi le gouvernement dans un communiqué.

À l'issue d'une rencontre entre le secrétaire indien à l'Intérieur, G.K. Pillai, des représentants des agences de sécurité et du département des télécoms, le gouvernement a demandé que deux services BlackBerry soient accessibles aux services de renseignement d'ici le 31 août.

«Si une solution technique n'est pas apportée d'ici le 31 août, le gouvernement reverra sa position et prendra des mesures pour bloquer ces deux services du réseau», indique le communiqué.

Les deux services concernés sont des services de messagerie instantanée et de messages électroniques.

En Inde, les opérateurs qui fournissent des services BlackBerry ont la responsabilité légale de permettre aux services de renseignement d'avoir accès à tous les services de téléphonie.

Une source au sein du ministère de l'Intérieur avait déclaré peu avant à l'AFP que la réunion jeudi s'était achevée «sans résultat».

«Aucune décision n'a été prise et nous aurons bientôt de nouvelles discussions», avait déclaré cette source sous couvert d'anonymat.

Des responsables au ministère de l'Intérieur ont déclaré que l'Inde pourrait fixer un délai à RIM pour avoir accès aux données cryptées, précisant qu'aucun responsable du fabricant n'était présent à la réunion, présentée comme «interne».

Seul l'opérateur public BSNL y a participé.

Mais un haut responsable de RIM, Robert Crow, en charge des relations avec les autorités gouvernementales, a déclaré avoir rendu une visite de «courtoisie» au ministre de l'Intérieur, P. Chidambaram.

RIM s'est contenté jeudi d'affirmer dans un communiqué qu'il ne peut «révéler des discussions confidentielles qu'il tient avec des gouvernements», mais «qu'il essaie sincèrement de coopérer au mieux avec les gouvernements afin de répondre à la loi et aux besoins de sécurité nationale tout en préservant les droits des citoyens et des entreprises».

En particulier, RIM défend le cryptage des données comme un besoin pour tout pays qui pratique des relations d'affaires internationales, soulignant qu'il est utilisé sur les réseaux câblés et sans fil pour protéger «les communications d'entreprises et gouvernementales».

Enfin, le fabricant canadien réaffirme qu'il n'octroie pas «d'accord spécifiques à certains pays».

L'Inde, qui compte un million d'utilisateurs de BlackBerry, est pour RIM l'un des pays les plus prometteurs.

Le gouvernement avait auparavant prévenu qu'il pourrait autoriser les opérateurs à fournir uniquement des services de téléphonie pouvant être interceptés par les services de renseignement.

Une suspension des services cryptés de BlackBerry laisserait aux utilisateurs la possibilité de téléphoner et de naviguer sur internet.

L'Inde, en proie à des violences séparatistes au Cachemire (frontière pakistanaise) et à une rébellion maoïste dans de nombreux États, est extrêmement sensible concernant les risques potentiels liés à la technologie. Le gouvernement craint que les nouveaux moyens de communication ne soient utilisés par des groupes d'insurgés.

En novembre 2008, un commando armé composé d'islamistes avait utilisé des téléphones portables et satellitaires pour coordonner des attentats à Bombay qui avaient fait 166 morts.

De son côté, l'Arabie saoudite a annoncé mardi le maintien du service messagerie du BlackBerry et la poursuite de la discussion sur le cadre réglementaire lui permettant de surveiller le contenu des échanges sur ce téléphone multimédia ultra sécurisé.