Regarder le monde tel qu'il est ? Mais quel chagrin ! A en croire les opérateurs de télécommunications japonais, la réalité est beaucoup plus belle et drôle vue sur l'écran d'un téléphone portable, ornée d'informations visuelles ou de créatures virtuelles.

Les Tokyoïtes se baladent déjà dans les rues de la capitale les pupilles rivées sur l'écran de leur sacro-saint «keitai denwa» (mobile), lisant ou écrivant des messages. D'ici peu, lorsqu'ils lèveront les yeux, ce sera pour regarder le paysage à travers cette petite lucarne à cristaux liquides.

Le service s'appelle «chokkan nabi», un intitulé qui signifie «être radioguidé en perception directe». Il s'agit d'un nouveau type d'assistance au déplacement des piétons, outil indispensable pour se repérer dans un quartier de ville nippone où l'on n'a pas ses habitudes.

«Il suffit de cadrer une rue, un immeuble ou une place avec son téléphone portable muni d'une caméra pour savoir s'il s'y trouve une banque, un restaurant, une supérette et autres lieux recherchés», explique un démonstrateur du numéro un nippon des services de télécommunications cellulaires, NTT Docomo.

Imaginé avec l'entreprise de cartographie Zenrin, cette application de radionavigation, qui sera proposée en septembre, identifie le lieu et permet de superposer automatiquement des données diverses sur une image vidéo, saisie en direct. Ces informations apparaissent et s'effacent opportunément en fonction de la localisation et des critères prédéfinis de l'utilisateur.

«Des étiquettes ou des personnages virtuels indiquent par exemple la distance restante jusqu'au restaurant choisi, ainsi que ses horaires, menus, etc. D'un simple geste, on peut commuter sur une carte classique en deux dimensions à la place de l'image vidéo enrichie».

On ne devine pas ce qui se trouve à l'intérieur d'un gratte-ciel en le regardant à l'oeil nu, mais on l'apprend en observant à travers l'écran du mobile.

Ce genre d'applications, généralement regroupées sous l'expression «réalité augmentée», fait florès ces derniers temps auprès des développeurs de l'archipel, pour le divertissement, le commerce, les secours et autres pratiques.

Imaginez que vous visiez avec la caméra de votre mobile une affiche sur un immeuble au loin : le téléphone reconnaît qu'il s'agit d'une publicité pour un nouveau disque, il diffuse un extrait en allant puiser dans une base de données en ligne. Et puis tant qu'à faire, il vous propose de l'acheter en deux clics ou vous guide chez le disquaire du coin : voilà le genre de programme offert par le deuxième opérateur nippon, KDDI.

Il s'agit d'une adaptation d'une application japonaise déjà populaire sur l'iPhone d'Apple, appelée «Sekai Camera» (caméra du monde).

Ce petit programme, qui identifie dans l'espace filmé (rue, magasin, etc.) des points de repère visuels pour y ajouter des informations pertinentes, affiche aussi des commentaires d'autres visiteurs, présents en même temps ou passés auparavant. Ils sont adressés via l'outil de «gazouillis» en ligne Twitter.

Les commerçants utilisent ce même média pour signaler leurs promotions spéciales aux chalands qui pointent leur téléphone en direction de leur boutique.

KDDI développe également des jeux avec des personnages virtuels également basés sur le principe de la superposition d'informations sur un décor réel.