La tablette tactile d'Apple, l'iPad, débarque vendredi dans neuf pays après un premier succès dépassant les attentes aux Etats-Unis où elle est en rupture de stock. 

La France, la Grande-Bretagne, le Canada, la Suisse, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, le Japon et l'Australie auront accès à l'iPad, avant neuf pays supplémentaires en juillet.

Plus grand qu'un téléphone ou un baladeur, plus versatile qu'un livre électronique, plus portable que les ordinateurs portables, l'iPad s'est fait en moins de deux mois sa place sur le terrain de l'électronique grand public, et a donné aux journaux l'espoir d'avoir trouvé un nouveau mode de diffusion.

En vente aux Etats-Unis depuis le 3 avril dans sa version wifi, depuis le 30 avril dans sa version connectable via les réseaux téléphoniques, l'iPad a dépassé toutes les attentes: il a suffi d'un mois pour en écouler un million d'exemplaires, soit un lancement deux fois plus rapide que celui de l'iPhone il y a trois ans. Un succès qui a d'ailleurs conduit à reporter d'un mois le lancement à l'international.

Aujourd'hui la tablette s'arrache encore: la version 3G est introuvable en magasins et, en ligne, il faut patienter jusqu'à deux semaines pour se la faire livrer.

Mike Abramsky, analyste chez Capital Markets, estime qu'il se vend 200.000 iPad par semaine. Si ce rythme se poursuit, cela signifie 8 millions de tablettes vendues cette année dans le monde.

Apple a refusé mardi de divulguer le nombre de tablettes iPad pré-vendues à l'étranger mais M. Abramsky l'évalue à 600 000.

Dans le métro new-yorkais ou les lieux publics, les technophiles n'hésitent plus à sortir leur tablette, à peu près de la taille d'un magazine.

Le succès n'allait pas de soi: lors de sa présentation en janvier, l'iPad s'est attiré bien des critiques -- d'abord à cause de son nom («pad» signifie serviette hygiénique en anglais), et puis pour tout ce que lui manque: pas d'appareil photo, impossible de garder ouvertes plusieurs tâches en même temps, aucun port pour câble HDMI ou carte mémoire, sans compter l'incompatibilité avec le programme de lecture vidéo Flash, qui suscite un conflit de plus en plus ouvert avec l'éditeur de logiciel Adobe.

Mais le talent marketing d'Apple a fait des merveilles, note Charles Smulders, du cabinet Gartner. «Avec une nouvelle catégorie de produit comme cela, c'est difficile de comprendre la valeur ajoutée avant de l'essayer. Apple a très bien travaillé à préparer le marché».

«Même les entreprises testent l'appareil à un rythme qui nous surprend», a relevé Ben Reitzes, de Barclays Capital. «De plus en plus, beaucoup de nos clients utilisent ou ont l'intention d'utiliser l'appareil comme un outil de lecture de notes de recherche».

Le succès de l'iPad a conduit le cabinet IDC à estimer la semaine dernière qu'il se vendrait plus de 46 millions de tablettes en 2014, toutes marques confondues.

Dell a déjà annoncé mardi la sortie de son «Streak» en Grande-Bretagne en juin, et beaucoup estiment que Hewlett-Packard s'est emparé de la société Palm pour mettre dans des tablettes le système d'exploitation WebOS, conçu pour le téléphone multifonction Pre.

Du côté des fournisseurs de programmes, l'engouement est spectaculaire: plus de 5 000 applications ont été conçues spécifiquement pour l'iPad, selon une porte-parole d'Apple. Elles s'ajoutent aux quelque 200 000 applications disponibles dans la boutique en ligne AppStore.

Le New York Times a indiqué mardi que son application pour l'iPad, très appréciée des spécialistes, avait été téléchargée à plus de 300 000 reprises. «Les annonceurs sont ravis des possibilité enrichies de ce média», a noté une porte-parole.