La Commissaire à la vie privée du Canada venait à peine de terminer un discours cette semaine à Montréal qu'une entrepreneure l'approchait pour lui dire que les lois canadiennes relatives à la vie privée l'empêchait de faire des affaires convenablement.

«Trouvez-vous un bon avocat. Vous allez devoir faire avec, c'est comme ça ici», lui a répliqué sans ambages Jennifer Stoddart.Le mandat de la Commissaire à la vie privée tire à sa fin, mais déjà on sait qu'elle aura marqué son passage dans cette fonction en tenant notamment tête à Facebook et Google, qu'elle a sermonné parce que leurs politiques relatives à la vie privée contrevenaient à la loi canadienne. Les deux géants ont fini par plier et ont apporté des changements à leurs services.

«Nos succès ont reposé sur la collaboration et la bonne volonté d'entreprises qui ne sont pas soumises à la loi canadienne. On est en droit de se demander s'il en sera toujours ainsi», dit Jennifer Stoddart.

Dans le cadre de la conférence annuelle du Centre de recherche informatique de Montréal, elle a réaffirmé son intention de veiller au grain quant à la protection des renseignements personnels sur internet, notamment quand il est question de réseautage social.

«Je m'oppose au discours ambiant qui dit que la mort de la vie privée est arrivée. Dire que ceux qui sont en ligne n'accordent aucune valeur à la vie privée est faux», a déclaré Jennifer Stoddart.

Elle faisait ainsi écho à un récent discours du créateur de Facebook, Mark Zuckerberg, qui a affirmé que les «normes sociales» avaient évolué et que les gens «sont de plus en à l'aise de partager davantage d'information, avec davantage de gens».

«Ça suffit, dit Jennifer Stoddart. Il faut que gens qui démarrent des entreprises arrêtent de faire comme si les lois n'existaient pas.»

La Commissaire admet que les changements technologiques sont rapides. «À mon entrée en fonction, en 2003, les sites Facebook, Twitter et Foursquare n'existaient pas.»

Les téléphones intelligents n'en étaient qu'à leurs balbutiements. Ceux-ci intéressent également Jennifer Stoddart, tout comme les multiples applications de géolocalisation qui se sont développées ces dernières années et grâce auxquelles on peut savoir en tout temps où se trouve quelqu'un.

«Ces technologies peuvent être très utiles, mais pour certains citoyens, il peut être carrément dangereux que les gens sachent où ils sont. L'important, c'est qu'on puisse contrôler l'information. La vie privée revient souvent à ça», dit-elle.