La possibilité d'écouter de la musique sur son téléphone mobile séduit de plus en plus les consommateurs et les offres se multiplient, mais opérateurs et maisons de disques réunis au Midem s'interrogent sur les moyens de rentabiliser ces nouveaux produits.

Visionner un concert, télécharger un titre, écouter de la musique en streaming et même identifier un morceau entendu à la radio... grâce au développement des smartphones tout cela est désormais possible sur un téléphone portable.Mais peu de chiffres sont avancés concernant les revenus escomptés de ces produits vendus quelques euros -- des prix bien trop faibles pour compenser la chute des ventes de disques, surtout quand ils doivent être partagés entre une multitude d'acteurs.

Dans son rapport annuel publié cette semaine, la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI) soulignait que les «revenus mondiaux de la musique sur mobile avaient chuté en 2009 en raison du téléchargement illégal, du manque de soutien des opérateurs sur certains marchés et d'une saturation du secteur des sonneries».

Selon une étude d'Informa Telecoms & Media dévoilée dimanche au Midem, le marché mondial de la musique sur le mobile a représenté 11,4 milliards de dollars en 2009 et devrait atteindre 18,4 milliards de dollars en 2013.

Mais ce tout jeune marché est déjà en pleine restructuration.

Les ventes de sonneries, qui ont représenté 48% des revenus mondiaux en 2009 (5,5 milliards de dollars) stagnent, voire dégringolent dans certains pays et devraient s'établir à 6 milliards de dollars en 2013, selon cette étude.

Les ventes de sonneries d'attente (2,9 milliards de dollars, 25%) augmentent sensiblement, mais devraient elles aussi arriver à maturité dans les prochaines années, pour totaliser 4 milliards de dollars en 2013.

Le chiffre d'affaires des abonnements aux sites de streaming devrait doubler, tandis que celui des téléchargements (2 milliards de dollars, 18,4%) devrait de son côté tripler.

Opérateurs et maisons de disques tâtonnent encore pour trouver le modèle économique adéquat entre paiement à l'acte, service inclus dans l'abonnement téléphonique, financement par la publicité...

Actuellement, les professionnels du secteur placent beaucoup d'espoirs dans l'abonnement à des offres de téléchargement ou à des offres payantes sur le streaming.

Mais les rumeurs qui bruissent dans les couloirs du Midem sur les difficultés que rencontreraient le leader français du streaming Deezer depuis le lancement de son offre payante, montrent la fragilité du modèle.

«La musique au sein du business des contenus n'est pas un enjeu de chiffre d'affaires, ce n'est pas un relais de croissance. C'est avant tout un enjeu d'attracivité de nos offres et de fidélisation de nos clients», souligne Thierry Zemmour, directeur des contenus chez SFR, dans un entretien à l'AFP.

Pour M. Zemmour, le téléchargement est «une tendance qui va se poursuivre à condition que les grands de l'industrie distribuent des catalogues sans DRM (verrous numériques), ce qui n'est pas encore le cas», sauf sur iTunes.

Mais, ajoute-t-il, les prix de ces abonnements sont encore trop élevés pour rencontrer un marché de masse. Ce qui implique un effort sur les conditions tarifaires que négocient les maisons de disques pour la mise à disposition de leur catalogue.

«Dans les années à venir, de nombreuses sociétés vont voir le jour avec des services et des applications musicales. Très peu réussiront, mais c'est un bon signe pour l'industrie en terme d'innovation», souligne la société d'études Informa Telecoms & Media.