Covoiturage, «boîte à meuh» faisant meugler le téléphone quand on le tourne, recherche de toilettes... Pratiques, ludiques ou carrément loufoques, les applications à télécharger sur mobiles se sont multipliées dans les magasins en ligne.

Avec 100 000 applications, l'américain Apple domine sans conteste le marché: lancé en juillet 2008, son App'store a pris de court ses concurrents.

Parmi ses applications phare: le jeu «paper toss», qui consiste à lancer une boulette de papier dans une corbeille, «Camera genius», qui comble les lacunes de l'appareil photo de l'iPhone et sert de zoom et retardateur, ou encore «Metro Paris», qui propose des cartes du métro et les trajets les plus rapides.

Répertorié parmi les «100 meilleures applications pour iPhone» par le magazine iCreate, ce logiciel est le premier en France à avoir offert la technologie «réalité augmentée»: dans la rue, le mobile indique en sur-impression les stations les plus proches, avec la distance et direction.

Commercialisée 79 centimes, l'application, inventée par deux frères ingénieurs de 26 et 28 ans, Michel et Antoine Morcos, s'est déjà vendue à quelque 300 000 exemplaires. Face au succès rencontré, elle a été dupliquée pour 17 autres villes, comme New York et Pékin.

A l'image de «Metro Paris», d'autres applications ont donné lieu à de vraies «success stories»: ingénieur chez Sun Microsystems, l'Américain Ethan Nicholas a gagné plus d'un million de dollars avec son jeu vidéo «iShoot».

Avec la crise et le lancement de boutiques en ligne, «nous avons constaté un vrai mouvement d'entrepreneurs qui repartent dans leur garage», note Loïc Le Meur, organisateur de la conférence LeWeb, qui réunit jusqu'à jeudi soir à Paris 2 000 acteurs de l'internet.

En proposant une interface simple, des procédures sans intermédiaire et un système de revenus avantageux - 70% pour le développeur, 30% pour Apple, contre généralement 50% auparavant chez les opérateurs - la firme à la pomme a révolutionné le secteur.

«Avant, nous devions négocier avec chaque fabricant de mobile, chaque opérateur, qui prenait une grande partie des revenus», explique Shervin Pishevar, PDG de SGN, une société américaine spécialisée dans les jeux sur mobile, ajoutant: l'iPhone a «libéré les développeurs».

Si certains se plaignent encore des délais de validation des applications, d'autres relativisent.

«Auparavant, cela prenait neuf mois pour construire une application et qu'elle soit disponible sur le marché. Maintenant, elle peut être disponible en dix jours», souligne Andrew Fisher, le PDG de shazam, un système de reconnaissance de chansons, qui compte 50 millions d'utilisateurs dans le monde -dont 12 millions sur l'iPhone- et a vu ses revenus augmenter de plus de 100% en un an.

Devant le succès de l'App'store, ses concurrents rivalisent pour attirer les développeurs, qui ne s'en sortent néanmoins pas tous très bien financièrement.

Le fabricant de mobiles sud-coréen LG offre par exemple 80% des revenus aux éditeurs, tandis que Nokia et Samsung ont lancé des concours, avec subventions à l'appui.

D'autres mettent en avant le fait de proposer des applications sélectionnées, donc mieux valorisées, à l'image de l'opérateur Orange, qui a lancé mercredi sa boutique.

Sur l'App'store, le principal écueil pour les développeurs est en effet d'être «noyés dans 100 000 applications», note Laurent Michaud, de l'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate).