Les téléphones mobiles, portés par les «smartphones» multi-usages permettant de surfer sur internet ou de regarder des vidéos, voient leur fonction dédiée au jeu être de plus en plus exploitée, au point de concurrencer les consoles portables.

Preuve de cet engouement, de nombreux éditeurs qui réservaient leurs productions à la DS de Nintendo ou à la Playstation Portable de Sony les adaptent désormais sur téléphones portables, comme l'américain Electronic Arts, qui a ouvert une division EA Mobile. «Le succès de l'App Store d'Apple (une plate-forme permettant de télécharger des applications, NDLR), associé à celui de l'iPhone, a rebattu les cartes», estime Laurent Michaud, le responsable de la section des loisirs numériques à l'Institut de l'audiovisuel et des télécommunications en Europe (Idate).

Cette nouvelle donne s'explique notamment, selon M. Michaud, par le modèle économique adopté par le groupe américain: 70% des jeux proposés sur son application sont gratuits et, pour les 30% restant, il prend 30% des revenus générés par les ventes, laissant les 70% restant au développeur.

«Sur le marché des consoles, il faut prendre en compte le développeur, l'éditeur, le fabricant de la machine, le distributeur et le détaillant. Cela dilue les revenus», explique M. Michaud, qui estime qu'Apple «est en train de réaliser la fusion du téléphone mobile et de la console».

Olivier Bernard, responsable des ventes Europe de l'éditeur Glu Mobile, confirme que «l'arrivée des smartphones, iPhone en tête, a constitué une rupture technologique», permettant d'accoucher d'un modèle économique plus avantageux et de toucher un nouveau public.

Il nuance toutefois les retombées du succès de l'appareil d'Apple pour tous les éditeurs, expliquant qu"'il y a tellement de choix sur cette machine qu'il est difficile d'être visible», rappelant qu'«entre 50 et 100 applications ou jeux font leur apparition chaque jour sur l'App Store.»

Du côté de Nintendo, qui a franchi le cap des 100 millions de DS vendues et vient d'en lancer une nouvelle version baptisée DSi (à prononcer «eye», «oeil» en anglais, NDLR), il n'est en revanche pas question de lancer une console pouvant empiéter sur le marché des téléphones.

L'arrivée d'un appareil-photo sur sa dernière machine ne lui fait d'ailleurs pas vanter l'aspect multimédia de sa console: «sa résolution n'est que de 300.000 pixels, ce qui est bien inférieur à ce que proposent les téléphones. L'objectif est d'intégrer ces photos dans les jeux», tempère Mathieu Minel, directeur marketing de la branche française du constructeur japonais.

«Nintendo Japon a de vraies idées arrêtées concernant les marchés des smartphones et des consoles de jeu. L'iPhone est un mini-pc qui fait téléphone, alors que la gamme DS a vocation à rester dans le domaine du jeu», ajoute-t-il, soulignant que «les +smartphones+ et les consoles portables visent des publics très différents».

Ces deux marchés devraient, cependant, engendrer un chiffre d'affaires proche à l'avenir: l'Idate estime que les jeux sur consoles portables et ceux sur téléphones mobiles généreront quelque 6 milliards d'euros chacun en 2010, contre respectivement 4,7 et 3,9 milliards en 2008.