Acer, Asus, Toshiba... les fabricants d'ordinateurs sont de plus en plus nombreux à se lancer sur le marché très lucratif des smartphones, dans l'espoir de rencontrer le même succès qu'Apple avec son iPhone, un pari qui s'annonce toutefois difficile.

À l'occasion du Congrès mondial de la téléphonie mobile à Barcelone, le taïwanais Acer devait dévoiler lundi soir ses premiers téléphones multimédias, qui permettent par exemple de surfer sur Internet ou télécharger des vidéos.Numéro deux mondial pour les ventes d'ordinateurs portables, et très bien placé sur le segment des mini-PC, il avait racheté il y a près d'un an le fabricant taïwanais de smartphones E-Ten.

La croissance du secteur fait en effet rêver au moment où l'informatique sombre dans la morosité: les ventes d'ordinateurs ont reculé de 1,1% en volume au quatrième trimestre 2008, le plus mauvais chiffre en six ans, selon l'institut Gartner, et les perspectives ne sont guère encourageantes.

Les smartphones, très rentables, affichent au contraire une santé insolente, avec des ventes attendues en hausse de 32% en 2009.

Dans un marché extrêmement concurrentiel, les acteurs du PC y voient une opportunité à ne pas manquer, alors que la frontière entre ordinateurs et mobiles devient de plus en plus ténue.

Le marché des PC vit depuis quelques années une «révolution», selon Stéphane Dubreuil, directeur télécoms du cabinet Sia Conseil.

«Les ordinateurs portables se vendent désormais plus que les fixes et dans la gamme des portables, les mini-PC prennent une part croissante (20% aujourd'hui)», explique-t-il.

Or, «un mini-PC ressemble quand même beaucoup à un smartphone. La taille et l'ergonomie ne sont pas les mêmes, mais l'innovation technologique fait qu'ils sont très proches», ajoute-t-il.

Alors qu'ils pourraient y avoir «cannibalisation» entre les marchés du mobile et du PC d'ici cinq ans, les acteurs informatiques cherchent à «capter la compétence téléphones», selon lui.

Avec les mini-PC, ils se sont déjà ouverts un nouveau canal de distribution: les boutiques des opérateurs télécoms. Mais ils n'entendent pas en rester là, chacun avec sa stratégie.

Alors qu'Acer est dans une logique plutôt «low cost», selon M. Dubreuil, son compatriote Asus, fabricant de l'«Eee PC», s'est associé à l'américain Garmin, leader mondial des systèmes GPS, pour proposer des «nünifone» dotés de services pointus de géolocalisation.

De son côté, le japonais Toshiba, qui proposait des smartphones essentiellement destinés au monde professionnel, comme l'américain HP, vise désormais le grand public. Présenté à Barcelone, son TG01, jugé «très performant technologiquement» par les observateurs, est ultra-fin (moins d'un centimètre d'épaisseur) et entièrement tactile.

L'américain Dell, même s'il refuse de confirmer un tel projet, pourrait aussi se lancer sur le marché.

Si l'ensemble des acteurs ont en tête le succès de l'iPhone d'Apple, qui a révolutionné le secteur en 2007, il n'est pas certain que tous tirent leur épingle du jeu.

«C'est un environnement très exigeant, souligne Jim Balsillie, coprésident de RIM, le fabricant du BlackBerry, il faut avoir une proposition unique», notamment à travers «un appareil performant, un marque forte et une relation riche avec les distributeurs».

«Le ticket d'entrée est très complexe. A la différence des autres segments, l'innovation technologique et l'effet de la marque sont très forts» pour les smartphones, confirme M. Dubreuil.