Plusieurs fabricants de téléphones portables ont annoncé ces dernières semaines des centaines de suppressions d'emplois dans le monde, alors que la crise économique commence à affecter ce secteur déjà extrêmement concurrentiel.

L'américain Motorola, qui a déjà mené plusieurs plans de réduction de coûts, a indiqué la semaine dernière qu'il procèderait à une nouvelle restructuration avec à la clé 3000 licenciements, dont deux tiers dans sa division mobiles.

Le nippo-suédois Sony-Ericsson a également décidé durant l'été de se séparer de 2000 salariés sur les 12 000 qu'il emploie. Quant au leader mondial Nokia, il a annoncé mardi la suppression de quelque 600 emplois, essentiellement dans sa branche ventes et marketing, soit 1% de ses effectifs, dans le cadre d'une restructuration conduite depuis début 2008.

Soumis à une forte pression du fait de la concurrence asiatique et de l'arrivée de différents marchés à maturité (Europe, États-Unis...), les fabricants voient maintenant leurs ventes affectées par le ralentissement économique.

D'après le cabinet de marketing IDC, le marché a reculé de 0,4% entre le printemps et l'été.

L'institut Gartner a d'ailleurs récemment révisé ses prévisions pour 2008 à la baisse, tablant désormais sur une croissance de 8%, contre 10,6% en août, soit moitié moins qu'en 2007. Le recul des ventes devrait être notamment «considérable» en Europe, estime-t-il.

Alors que les Européens changeaient en moyenne tous les 12 mois leurs portables, le rythme se ralentit, passant à 18 voire 24 mois, constate une analyste de Gartner, Carolina Milanesi.

«Non seulement les gens vont acheter moins, mais ils vont aussi dépenser moins quand ils achèteront», souligne-t-elle.

La baisse du prix moyen de vente des téléphones portables, dont souffrent déjà les fabricants, devrait donc se poursuivre. Avec pour conséquence des marges toujours plus réduites dans ce marché très concurrentiel.

Au troisième trimestre, Sony-Ericsson et Motorola ont accusé des pertes. Le nippo-suédois, qui avait historiquement fondé sa croissance sur le haut de gamme, ne dispose pas de produits ni de volumes pour tirer son épingle du jeu en Chine ou en Inde.

Quant à l'américain, tombé du deuxième au quatrième rang mondial en un an, il a même repoussé sine die son projet de séparer sa division mobiles du reste du groupe en raison des difficultés prolongées de cette branche, déficitaire.

Le sud-coréen Samsung ou le finlandais Nokia s'en sortent mieux, notamment en raison de leurs fortes positions dans les pays émergents, même s'ils ont aussi récemment présenté des résultats en repli.

Dans ce contexte difficile, «les principaux vecteurs de croissance resteront les téléphones intelligents (ces téléphones multifonctions permettant d'accéder à internet, prendre des photos ou encore écouter de la musique) ou les terminaux bas de gamme, dans les marchés émergents», estime Michaël Nique, de l'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate).

«Aucun constructeur ne va traverser la crise sans souci. Mais son impact sera plus ou moins fort: il dépendra de la capacité de chacun à diversifier ses produits et à sortir de nouveaux modèles», ajoute-t-il, prévoyant une croissance de «6% à 7%» en 2009.