Le secteur du sans-fil québécois ne craint pas le ralentissement économique. L'arrivée de nouveaux réseaux mobiles au pays, d'ici 2010, et un accès simplifié au marché mondial de la mobilité informatique laissent entrevoir une croissance soutenue pour ce secteur pour les années à venir.

Ce matin, Vidéotron annoncera officiellement un investissement de plusieurs centaines de millions de dollars, afin de mettre sur pied son propre réseau sans fil au Québec. Pour Vidéotron, c'est l'aboutissement d'une démarche qui date déjà de plusieurs mois. En juin dernier, le câblodistributeur montréalais a acquis d'Industrie Canada les fréquences nécessaires afin de mettre en place un réseau sans fil autonome qui s'étendrait partout au Québec.

 

La filiale de Quebecor Media affirmait dernièrement n'avoir besoin que de 18 mois pour effectuer le lancement de ce nouveau réseau, ce qui mènerait à un lancement officiel au début de 2010. Vidéotron pourrait adopter la même technologie que Rogers, appelée HSPA. Le 10 octobre, Bell et Telus confirmaient un investissement, évalué entre 750 millions et un milliard de dollars, visant à mettre leur technologie respective à jour. Ironiquement, tous deux désirent également adopter la technologie de troisième génération (3G) HSPA, d'ici 2010.

Du côté de Telus, c'est une deuxième annonce du genre en quelques jours seulement, puisque le géant canadien a également confirmé son intention d'investir 33 millions de dollars dans l'établissement d'un centre de données informatiques à Laval. En plus de ses 5000 employés actuels, Telus compte par ailleurs engager 149 techniciens de plus au Québec

Bref, aucun ralentissement pour ce secteur dans la Belle Province. «C'est peut-être en raison du faible taux de pénétration du sans-fil à l'heure actuelle, mais on voit encore beaucoup de croissance dans le marché au Canada pour les prochaines années, dit Stacey Masson, responsable des relations publiques pour Telus. On continue d'investir et d'embaucher.»

Des exploitants aux développeurs

Il n'y a pas que les exploitants de réseaux qui demeurent optimistes. Les développeurs de services mobiles le sont tout autant, surtout depuis le lancement de la deuxième génération du iPhone, d'Apple, et de sa boutique virtuelle, où ils peuvent offrir directement leurs applications à la planète entière, ou presque. «C'est comme avoir 10 millions de clients dans une seule boutique», illustre Luc Vandal, fondateur d'Edovia, une «micro PME» qui en est à sa quatrième application mobile conçue pour l'iPhone.

Pour Edovia, une telle plateforme mobile est une façon simple et efficace de rejoindre un bassin de consommateurs dispersés sur trois continents, plus habitué à la mobilité informatique que les consommateurs canadiens. «Si on vendait (nos applications) uniquement au Canada, ce serait impossible de survivre», estime M. Vandal, qui en impute la cause à la faible pénétration des réseaux 3G au pays.

Depuis un peu plus d'un mois, Druide informatique vend pour sa part le logiciel Antidote Mobile dans tout près d'une trentaine de pays. «C'est un succès dans toute la Francophonie», assure son président, André d'Orsonnens. Ses ventes se font principalement en France, au Canada, en Suisse et en Belgique. Les États-Unis arrivent en cinquième place.

Pour le secteur naissant des applications mobiles montréalaises, la boutique d'applications d'Apple a eu l'effet d'un électrochoc. Et ce n'est que le début: Google, et Microsoft songent à créer des boutiques similaires pour leurs propres plateformes mobiles (Android, Windows Mobile), tandis que Research In Motion (RIM) a annoncé hier le lancement d'un tel «cybermagasin» en mars prochain pour son BlackBerry.

Les organismes chapeautant le secteur québécois des technologies de l'information (TI) tentent de créer une nouvelle grappe sectorielle autour de la mobilité informatique. Le géant des télécoms Ericsson est derrière cette opération. Une telle effervescence n'est pas surprenante: les nouveaux réseaux annoncés au Canada et l'accès soudain à un bassin de consommateurs mondial promettent une croissance qui fait oublier le ralentissement économique qui affecte d'autres secteurs d'activité depuis quelques mois.

courriel Pour joindre notre collaborateur: alain.mckenna@lapresse.ca