Rangés au fond d'un tiroir ou jetés: tel est le destin de la majorité des téléphones mobiles usagés, une habitude que les opérateurs et constructeurs tentent d'infléchir en incitant les Français à recycler.

Au moment de renouveler leur portable, ce qu'ils font en moyenne tous les 23 mois, 43% des Français «rangent» leur ancien appareil, 27% le donnent, 8% le jettent tandis que seulement 7% le recyclent, selon une enquête réalisée en 2007 par TNS-Sofres pour l'Association française des opérateurs mobiles (Afom).

L'an passé, alors que 22,84 millions de mobiles étaient vendus dans l'Hexagone, d'après l'institut GfK, 500 000 appareils ont été collectés, un chiffre en hausse par rapport à 2006 (350 000) mais toujours marginal.

«Les gens ont toujours la crainte de perdre leur mobile, ils gardent au cas où leurs vieux portables. Il y a aussi beaucoup d'affect dans un mobile. On n'est pas encore à une époque où un appareil chasse l'autre», analyse la directrice du département Technologies de TNS-Sofres, Arielle Bélicha-Hardy.

«Mais c'est surtout un problème de méconnaissance des circuits», souligne-t-elle.

A l'initiative de l'Afom, dans le cadre d'une campagne sur l'utilisation responsable du portable, un message est actuellement diffusé à la radio pour tenter de palier cette ignorance.

«On rappelle par ce spot la simplicité de la démarche, puisqu'il suffit de rapporter son téléphone dans un point de vente», explique un porte-parole de l'Afom, associée pour l'occasion aux constructeurs Samsung, Sagem et Nokia.

Depuis 2005, un décret impose aux distributeurs de reprendre les appareils et aux fabricants de participer à la prise en charge financière du recyclage.

Parallèlement, Nokia va lancer en France en octobre un programme en partenariat avec le Fonds mondial pour la Nature (WWF): pour tout portable retourné, il versera cinq euros pour la sauvegarde de la Loire.

Souvent, sans ce type d'actions, les gens «oublient» leurs vieux portables, car «ce n'est pas un objet encombrant, ils ne se rendent pas compte qu'il y a un potentiel de réutilisation pour d'autres populations», souligne Jean-Lionel Laccourreye, directeur France de Regenersis, leader européen du recyclage des mobiles.

Pour environ la moitié, les mobiles récupérés peuvent ainsi retrouver une seconde vie sur les marchés émergents, en Afrique et Asie notamment, note-t-il.

Des autres peuvent être extraits or, argent, nickel ou encore cuivre. Même chose pour les batteries, dont on transforme par exemple le plastique en cônes de chantier ou pare-chocs.

«La partie réutilisable d'un téléphone portable est importante, de l'ordre de 80-90%. D'ailleurs, dans les nouvelles techniques, à peu près tout est réutilisable. Ce qui n'est pas réutilisable en matière va être utilisé en comburant. Il reste très peu de déchets ultimes», précise le dirigeant.

Une affirmation que nuance Zeina Al Hajj, de Greenpeace: «Tout dépend des matériaux utilisés dans la fabrication, beaucoup de portables contiennent des substances chimiques toxiques», souligne-t-elle.

Pour l'organisation écologique, les constructeurs doivent proposer «des produits plus verts», à l'image de Nokia et Sony Ericsson dont les portables ne contiennent «plus de plomb, de cadmium ou de mercure».

Quant à la réutilisation des portables dans les pays émergents, si elle l'approuve, elle estime qu'elle ne peut être faite qu'en l'accompagnant de solutions environnementales, car les appareils usagés terminent là-bas «jetés dans des dépotoirs et brûlés, dégageant des émissions nocives».