Avec l'arrivée du premier téléphone mobile doté du système d'exploitation «Android» de Google, une âpre bataille se profile dans les logiciels pour «smartphones», aujourd'hui dominés par Symbian de Nokia, avec Microsoft en embuscade.

L'opérateur T-Mobile a dévoilé mardi à New York le G1, un terminal tournant sous Android: cette plateforme se distingue de ses rivales par son ouverture aux développeurs informatiques, qui peuvent ainsi l'enrichir de nouvelles fonctions, sur le modèle des logiciels libres.

Google vient concurrencer les systèmes actuels, pour la plupart propriétaires, tels que Symbian ou encore Windows Mobile du géant Microsoft qui a de fortes ambitions sur le marché porteur des «smartphones».

Selon les chiffres de l'institut Gartner, les ventes des téléphones multimédia, aux fonctionnalités identiques à celles d'un PC, devraient grimper de 52% cette année, à 186 millions d'unités.

Au coeur de ces appareils sophistiqués, se trouvent les systèmes d'exploitation, dont le leader est le britannique Symbian, qui vient d'être racheté par le finlandais Nokia. Au deuxième trimestre, celui-ci détenait 57% du marché, contre 66% un an plus tôt.

Un recul qui s'explique par une concurrence accrue: le canadien Research In Motion (RIM), fabricant du BlackBerry, très prisé dans le monde de l'entreprise, a notamment vu sa part de marché quasiment doubler à 17,4%. Quant au nouveau venu Apple, il a déjà conquis 2,8% du marché avec son iPhone.

Face à ces systèmes complètement fermés, Microsoft met en avant son modèle basé sur des partenariats avec une cinquantaine de constructeurs (à l'exception de Nokia), de Samsung à HTC.

«Nous proposons une large gamme de terminaux (140 modèles différents, à clavier ou tactiles), avec une grande diversité en terme de prix», dans une volonté de «démocratiser» les smartphones, explique Nicolas Petit, directeur de la division mobilité chez Microsoft France.

En France, le groupe américain a vendu 1 million de terminaux tournant sous Windows Mobile entre juillet 2007 et fin juin 2008 en France, soit 30% du marché, contre 12% au niveau mondial (18 millions).

Microsoft dit ne pas redouter l'apparition de nouveaux acteurs, comme Apple ou Google, qui contribuent à «évangéliser le marché», selon M. Petit.

Pour le leader mondial des logiciels, c'est aussi la possibilité de nouer des accords technologiques avec ses concurrents, par exemple Apple ou RIM à qui il fournit son système de courriels Microsoft Outlook Exchange, ou encore Nokia pour la messagerie instantanée Windows Live Messenger.

Mais ce modèle payant -- le prix d'une licence s'élèverait à «quelques dollars» --, sera-t-il longtemps viable face à l'émergence de systèmes gratuits?

Android «va faire décoller les logiciels libres sur mobile» et pourrait représenter «à peu près 10% du marché des téléphones intelligents d'ici trois ans», estime Roberta Cozza, analyste chez Gartner.Conscient de la menace, Nokia a déjà organisé la riposte: il a annoncé mi-juin l'acquisition de Symbian et la création d'une fondation avec d'autres fabricants pour développer une plate-forme libre de droits.

«Cela va être un vrai défi pour Windows Mobile de gagner des parts de marché auprès du grand public, Symbian et Android vont capter l'essentiel de ce marché», souligne Mme Cozza.

D'autres initiatives ont également vu le jour pour promouvoir les logiciels libres sur mobile, telles que l'association LiMo, à laquelle a adhéré l'opérateur français Orange (France Télécom) en début d'année.

Aussi:

Voyez notre galerie-photo d'Android