Pirouette marketing de prélancement ou concession aux critiques contre ses tarifs considérés trop élevés?

Toujours est-il qu'à la veille du lancement du téléphone multimédia iPhone 3G d'Apple, son unique fournisseur au Canada, la société Rogers, a décidé de solder une option de furetage internet pour ces téléphones sans fil dits «intelligents».Rogers réduit temporairement de 100$ à 30$ le tarif mensuel d'une option de transmission de données de 6Gb par mois qui peut être ajoutée aux forfaits des téléphones portables.

Cette offre de Rogers et de son affilié Fido contient toutefois deux conditions majeures. D'une part, elle n'est accessible qu'aux signataires de contrats d'une durée d'au moins trois ans, qui sont obligatoires pour les iPhone.

D'autre part, cette option 6Gb de données transmises doit être achetée entre demain - vendredi 11 juillet, lancement mondial du iPhone 3G - et le 31 août prochain.

Rogers a annoncé son rabais hier après que de nombreux médias, dont La Presse, aient fait état de la grogne des technophiles envers ses forfaits iPhone, jugés trop chers par rapport à ceux d'autres pays, notamment aux États-Unis chez AT&T Wireless.

N'empêche, soucieuse d'entretenir le «buzz» marketing envers le iPhone, Rogers a vanté cette «offre promotionnelle» comme une façon de «servir le mieux possible les besoins des utilisateurs».

Mais en fait, le solde de son option de 6Gb de données par mois intéressera surtout les très grands utilisateurs de l'accès à l'internet par téléphones portables.

Selon Rogers, une quantité de 6Gb de données représente l'équivalent de 35950 pages de sites internet, environ 157 000 courriels ou quelque 104heures d'extraits vidéo du site YouTube.

Pour les usagers ordinaires du sans-fil, le choix d'un téléphone multimédia comme le iPhone peut s'avérer dispendieux, si utilisé à son plein potentiel.

Un forfait minimal chez Rogers et son affilié Fido coûtera au moins 2646$ en trois ans, la durée minimale des contrats vendus au Canada.

Une telle somme, avant taxes, revient à 73,50$ par mois pendant 36 mois, pour une capacité de télécommunications (voix et données) très limitée.

En contrepartie, le contrat de iPhone le plus étoffé chez Rogers-Fido, incluant l'option en solde de 6Gb de données par mois, coûtera au moins 5806$ en trois ans.

Sur une base mensuelle, cette somme revient à 161$ pendant 36 mois, avant taxes.

Un tel coût pour le iPhone vaut-il la peine?

Selon des spécialistes en technologies personnelles, le nouveau iPhone 3G d'Apple est vraiment innovateur pour la qualité et la convivialité de ses principales fonctions : téléphonie et internet sans fil, baladeur numérique, camera numérique de base, agenda électronique, etc.

«C'est une nouvelle version plus performante d'un appareil qui était déjà très bon lors de sa première version introduite l'an dernier par Apple. L'accès internet par réseau 3G est vraiment plus rapide. Toutefois, cette rapidité draine la pile interne plus rapidement», résume Walter Mossberg, chroniqueur technologique au Wall Street Journal, dans un billet publié hier.

En contrepartie, malgré leur avant-gardisme, les utilisateurs de iPhone contribuent aussi aux ambitions d'affaires et financières de la société Apple.

Son président et cofondateur, Steve Jobs, a établi comme objectif d'entreprise d'atteindre les 10 millions de iPhone vendus dans le monde d'ici la fin de l'année.

Apple a aussi comme stratégie de faire du iPhone l'un de ses trois piliers d'affaires, avec ses baladeurs numériques iPod et ses ordinateurs Mac.

La croissance de ses résultats financiers en dépend, ainsi que sa valeur boursière sur laquelle s'appuient les fortunes des dirigeants d'Apple.

Entre-temps, cette célèbre entreprise de technologies grand public n'est pas à l'abri des erreurs et de la concurrence.

Par exemple, le lancement de la première version du iPhone, l'an dernier aux États-Unis, a mené à un cafouillage des prix.

En quelques mois, Apple a dû admettre que ses prix étaient exagérés et consentir des rabais spéciaux à des dizaines de milliers de clients américains.

Aussi, depuis quelques mois, des géants des téléphones sans fil comme Nokia, Samsung, LG et la canadienne RIM-BlackBerry ont mis au point des appareils imitant les fonctions du iPhone.

Leurs résultats demeurent inégaux, de l'avis d'analystes technologiques.

N'empêche, d'importants fournisseurs en télécoms, dont Sprint aux États-Unis et Bell au Canada, utilisent ces innovations pour proposer des forfaits de «téléphones intelligents» à des prix très concurrentiels par rapport à ceux du iPhone.