Six mois après son arrivée très médiatisée en France, l'iPhone d'Apple n'y rencontre pas le succès espéré: tandis qu'Orange, son distributeur exclusif, reste évasif sur les ventes, son salut est peut-être de devenir un téléphone comme les autres, avec la 3G et sans exclusivité.

Des files interminables de clients bravant le froid, fin novembre, devant les quelques boutiques Orange (France Télécom) ouvertes pour l'occasion: l'image avait conclu en beauté des mois de «buzz» sur internet et dans les journaux. Mais en à peine six mois, l'effet est retombé. En présentant ses résultats trimestriels mercredi, France Télécom n'a même pas mentionné l'iPhone, à part quand il a été interrogé.

Le directeur financier, Gervais Pellissier, s'est contenté de dire que l'opérateur, qui annonçait 70 000 ventes fin décembre, avait depuis «largement dépassé les 100 000 terminaux vendus, au rythme tel qu'on le souhaitait». Un chiffre déjà connu depuis début avril et qu'il n'a pas voulu réactualiser.

Le rythme mensuel de ventes, depuis janvier, serait donc d'environ 10 000, de quoi faire douter de sa capacité à atteindre son objectif de 400 000 à 500 000 iPhone vendus fin 2008.

Orange se veut pourtant optimiste, misant sur le «renouvellement des modèles». «Nous sommes très contents de la performance avec le premier modèle, maintenant il est clair que ce qui redynamisera les ventes, c'est le terminal 3G, puisque c'est la grande attente des clients européens», note M. Pellissier.

La 3G (téléphonie de troisième génération), qui permet un accès haut-débit à internet depuis le mobile et équipe déjà la majorité des nouveaux téléphones en Europe, faisait cruellement défaut à l'iPhone, jugé trop lent pour aller sur internet alors même qu'il a été conçu pour cet usage.

Selon le New York Times, qui cite une source proche du dossier, l'iPhone 3G arriverait en Europe avant août.

Autre sujet épineux: le partage des revenus et l'interdiction de subventionner l'appareil.

Orange, qui n'a jamais confirmé le chiffre officiellement, reverserait 30% des revenus de l'iPhone à Apple.

En outre, en n'ayant pas le droit de subventionner le téléphone, l'opérateur français est obligé de le proposer très cher. «Il faut quand même l'acheter à 400 euros, ce qui limite le segment de clientèle face à des terminaux à 1 ou 20 euros», reconnaît M. Pellissier.

Malgré la rumeur d'une possible subvention pour relancer les ventes, ce qui a été fait tout récemment en Angleterre et en Allemagne, Orange ne prévoit pour l'instant «pas de changement». Mais «on verra avec les prochains terminaux», promet le directeur financier.

En finançant en partie l'iPhone, Orange demanderait sans doute en contrepartie à Apple de mettre fin au partage des revenus, une requête qui irait de pair avec l'abandon du modèle d'exclusivité (un seul opérateur par pays) imposé par la firme américaine.

Justement, ce modèle a volé en éclat cette semaine avec l'annonce de la sortie prochaine de l'iPhone en Italie, à la fois par Vodafone et Telecom Italia.

Vodafone a raflé la distribution du téléphone dans dix pays... ce qui pourrait profiter en France à SFR, dont il détient 44%. Interrogé, SFR n'a pas souhaité s'exprimer.

Orange, qui possède encore l'exclusivité de l'iPhone pour deux ans et demi, ne verrait peut-être pas cela d'un mauvais oeil, espérant le distribuer ailleurs qu'en France: il a indiqué être «en discussions» avec Apple pour vendre l'iPhone, «entre autres», en Espagne et en Pologne.