Un des studios de jeux vidéo les plus en vue de Montréal, Hibernum, dans lequel Québec avait investi 5 millions en 2014, a licencié l'écrasante majorité de ses 115 employés.

Ces derniers l'ont appris hier matin lors d'une réunion convoquée aux bureaux d'Hibernum, rue Sainte-Catherine Ouest. Seuls resteront en poste des cadres et du « personnel-clé » afin de maintenir certains projets en vie.

Des rumeurs persistantes depuis le début de la semaine faisaient état de la fermeture du studio. Hier, lors du passage de La Presse, des employés s'affairaient à récupérer leurs effets personnels et à vider leur poste de travail.

Rencontré sur les lieux, Louis-René Auclair, vice-président du développement des affaires et chef de marque chez Hibernum Créations, s'est montré peu loquace. « On ne ferme pas, on travaille avec l'équipe. Il n'y aura pas de commentaires », a-t-il déclaré avant de demander au représentant de La Presse de quitter les lieux.

FOIRE À L'EMPLOI

En milieu d'après-midi, hier, Hibernum a envoyé par courriel un court communiqué de quatre phrases à La Presse, expliquant que le studio avait déposé ce mercredi « un avis d'intention pour restructurer ses activités ». Cette mesure est jugée nécessaire afin de « pallier un manque de liquidités, garantir une transition vers de nouveaux emplois à son personnel et vendre certains de ses projets ».

On annonce du même souffle la tenue cette semaine d'une « première foire à l'emploi » aux bureaux d'Hibernum « pour permettre à divers studios d'embaucher du personnel de talent et qualifié afin de soutenir l'industrie de la création de jeux vidéo à Montréal et au Québec ».

Le studio souhaite en outre « préserver ses projets porteurs et une partie de ses activités, compte tenu de résultats inférieurs aux attentes pour certains projets et à la suite des changements dans le marché du jeu mobile ».

GROS SUCCÈS RECHERCHÉ

Fondé en 2005 par Frédérick Faubert, qui en est toujours le président, Hibernum s'est spécialisé dans les jeux pour appareils mobiles, souvent en partenariat avec des entreprises de renom comme Cartoon Network, Disney, Eidos, Lego et Ubisoft. Son premier jeu original, Blockolicious, a été lancé en 2011. Le studio a signé par la suite quelques productions bien reçues, notamment Lego City, La Belle et la Bête : Jeu de paires et Disney Infinity Action, mais sans réellement s'imposer avec un grand succès emblématique.

En novembre 2014, Hibernum est devenu le premier exemple de la volonté du nouveau gouvernement Couillard de délaisser le modèle de subventions. Investissement Québec a alors annoncé une participation en capital-action de 5 millions. Le studio, qui employait alors 155 personnes, prévoyait passer à 300 employés.

« C'est une entreprise qu'on a appuyée, qu'on a soutenue tout le long, qui était créative, a commenté hier Chantal Corbeil, porte-parole d'Investissement Québec. C'est vraiment dommage, ce qui arrive. »

Les effets annoncés de cet investissement en matière d'embauches ne se sont jamais concrétisés. Au contraire, depuis janvier dernier, selon ce qu'a appris La Presse, les services d'une vingtaine d'employés n'étaient plus sollicités, même s'ils n'étaient pas techniquement licenciés.

Photo fournie par Hibernum Créations

Hibernum s'est spécialisé dans les jeux pour appareils mobiles, souvent en partenariat avec des entreprises de renom comme Cartoon Network, Disney, Eidos, Lego et Ubisoft.

Image fournie par Hibernum Créations

Hibernum a signé quelques productions bien reçues, dont La Belle et la Bête.